(ABC Bourse) - Après des années dans le rouge, Elior renoue avec les profits et rassure les marchés en relançant la distribution de dividendes. Une remontée saluée, fruit de profondes transformations.

Depuis l’ouverture des marchés ce matin, le titre Elior bondit de plus de 16 %, atteignant les 3,1 euros. Ce sursaut s’explique par une annonce attendue depuis longtemps : le retour aux bénéfices, après plusieurs années déficitaires, et la décision du groupe de verser à nouveau un dividende. Deux signaux que les investisseurs interprètent comme un tournant stratégique majeur pour l’un des leaders de la restauration collective.
Sur l’exercice clos au 30 septembre 2025, Elior a enregistré un chiffre d’affaires de 6,15 milliards d’euros, en progression organique de 1,3 %, et un EBITA ajusté de 202 millions d’euros, en hausse de 35 millions. La marge ressort à 3,3 %, contre 2,8 % un an plus tôt. Mais c’est surtout le retour à un résultat net positif de 87 millions d’euros, après une perte de 41 millions l’année précédente, qui attire l’attention. "Après le redressement engagé ces dernières années, le groupe renoue avec une efficacité durable et se projette désormais dans une dynamique de croissance rentable et de long terme, soutenue par une politique d'investissement volontariste", se félicite la direction.
Un plan de relance piloté à la main par Daniel Derichebourg
Aux commandes depuis le rapprochement avec Derichebourg Multiservices en 2022, Daniel Derichebourg peut afficher un sourire satisfait. Après avoir pris la majorité du capital d’Elior il y a trois ans, le dirigeant a mené une vaste restructuration, conjuguée à des choix d’investissement offensifs : 145 millions d’euros dépensés cette année, contre 98 millions un an plus tôt. "Notre résultat net progresse fortement, à 87 millions d'euros contre une perte de 41 millions d'euros l'an dernier et le désendettement net se poursuit à hauteur de 144 millions d'euros sur l'exercice. Le retour à la distribution de dividendes traduit notre confiance dans l'avenir. L'année à venir marquera le retour à des niveaux de performance supérieurs à la période avant-Covid", déclare-t-il dans Les Échos.
Cette dynamique s’illustre par des chantiers concrets : extension des cuisines centrales comme celle de Mornant, refonte des systèmes d’information avec IBM et l’IA, et lancement de concepts novateurs comme le 24.7, une boutique connectée implantée dans un container maritime sur le site de STMicroelectronics à Crolles. Pour affirmer cette montée en gamme, Elior a aussi recruté Frédéric Simonin, chef étoilé, et Christelle Brua à la direction artistique culinaire du groupe.
Une nouvelle ambition, malgré les doutes des analystes
Pour l’exercice 2025-2026, Elior table sur une croissance organique de 3 % à 4 %, avec une marge d’EBITA ajusté entre 3,5 % et 3,7 %. De quoi amorcer une trajectoire durable, même si les doutes subsistent. "La reprise du dividende en 2025 est encourageante", commente Oddo BHF. Mais la banque reste prudente : selon elle, la marge attendue reste en deçà des standards du secteur, et les niveaux de rentabilité et d’endettement d’Elior le rendent moins attractif que ses concurrents Sodexo ou Compass.
Sur le terrain, Elior poursuit toutefois sa stratégie sélective et ambitieuse : nouveaux contrats en France (Carrefour, Covéa, Campus Engie, CHU), conquête du marché nord-américain avec la West Virginia University, renforcement dans les stades au Royaume-Uni, et croissance en Asie du Sud-Est. "Il s'agit de se distinguer de la concurrence, et cela fait aussi la fierté de notre personnel", insiste Daniel Derichebourg. "Les synergies entre la restauration collective d'Elior et les compétences multiservices de Derichebourg portent leurs fruits. A Hong Kong, où Derichebourg a une école d'aviation, nous sommes présents désormais en restauration".
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