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Néonicotinoïdes: gages de transition des producteurs et scientifiques, l'opposition s'organise


Actualité publiée le 22/09/20 16:54

Une feuille de betterave infectée par le virus de la jaunisse de la betterave à Oye-Plage, dans le Pas-de-Calais, le 4 août 2020 (AFP/Archives/DENIS CHARLET)

Préparer la fin des néonicotinoïdes: alors que le gouvernement se prépare à réintroduire temporairement ces insecticides controversés pour sauver la filière betteraves, producteurs et scientifiques ont tenté mardi de donner des gages de leur engagement pour la transition, mais députés écologistes comme associations ont réaffirmé leur opposition à ce texte.

L'interprofession betteraves-sucre (AIBS) a présenté mardi un "plan de prévention" et une série d'engagements qui doivent permettre d'"accélérer la transition" et "protéger les pollinisateurs", menacés par le retour dans les plaines de ces insecticides "systémiques" qui, en enrobant la semence, circulent au sein de la plante tout au long de sa croissance.

Après les avoir interdits en 2018, le gouvernement a accepté d'accorder à compter de l'an prochain des dérogations temporaires, comme dans une douzaine d'autres pays européens, afin de juguler la "jaunisse de la betterave" qui a mis à mal cet été les rendements. En cause, un puceron vert, vecteur du virus, qui se développe sur les cultures non protégées par un insecticide.

Malgré l'opposition des écologistes et des apiculteurs, le gouvernement s'appuie sur l'article 53 du règlement européen sur les phytosanitaires permettant de déroger à l'interdiction de certains produits lorsqu'il existe un "danger qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens raisonnables".

Dans leur plan, les professionnels s'engagent notamment à réduire "de 25%" l'utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semence "par rapport à la pratique précédente".


Les néonicotinoïdes, insecticides "tueurs d'abeilles" (AFP/)

Ils s'engagent aussi à restreindre à "une seule année" l'utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes par parcelle sur la période de transition 2021-2023, durant laquelle doit courir la dérogation, qui devrait être renouvelée chaque année, sous réserve du vote de la loi par le Parlement.

Lundi soir, les députés LREM ont conditionné leur vote en faveur du projet de loi, qui sera débattu le 5 octobre à l'Assemblée nationale en première lecture: ils ne voteront ce texte que si la dérogation est limitée explicitement aux seules betteraves.

"C'est un grand recul. Nous appelons les députés à voter avec leurs convictions plutôt qu'en suivant les consignes de groupe", a déclaré mardi Mathieu Orphelin, lors d'une conférence de presse du groupe Ecologie, Démocratie, Solidarité (EDS), qui regroupe 17 députés, principalement des déçus de l'aile gauche de la Macronie.

Il a qualifié ce projet de loi de "dernier grand vote sur la biodiversité du quinquennat".

Alors que le texte doit être examiné mercredi par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, l'union nationale de l'apiculture française (Unaf) a d'ores et déjà prévu un "happening" à quelques mètres de là, sur l'esplanade des Invalides, pour s'opposer à ce texte en compagnie d'une dizaine d'associations et de syndicats.

- Doublement de l'effort de recherche -

Ce plan s'ajoute à un autre, portant sur la recherche agronomique, qui sera mené par l'Institut national de la recherche agronomique et environnementale (Inrae) et l'Institut technique de la betterave (ITB). Visant à accélérer la découverte d'alternatives, il a été remis en fin de matinée au ministre de l'Agriculture Julien Denormandie.


Un agriculteur laboure son champ, le 10 août 2020 à Illiers-Combray, en Eure-et-Loir (AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER )

Les chercheurs vont notamment pouvoir s'appuyer sur les avancées déjà obtenues dans le cadre du programme de recherche Aker, qui vient de s'achever après avoir mobilisé pendant huit ans une centaine de personnes, autour de l'amélioration du rendement de la betterave en sucre.

"On espère progresser notamment sur des variétés résistantes, parce qu'on s'est donné un énorme potentiel génétique, avec de la diversité génétique (sans OGM) à la suite du programme", a déclaré lors d'un entretien à l'AFP Philippe Mauguin, président de l'Inrae.

Comme souvent en agronomie, toutefois, le salut des betteraviers viendra d'une "combinaison de solutions", a-t-il prévenu.

Le programme de recherche, doté de 7 millions d'euros de subventions publiques, avec les auto-financements de l'Inrae, et les cofinancements de la filière, "va mobiliser 20 millions d'euros en trois ans", a-t-il précisé, soit un quasi-doublement des moyens mobilisés dernièrement dans la lutte contre les virus.

Une ré-autorisation de ces pesticides, même provisoire, constituerait "une grave erreur", ont jugé pour leur part un collectif de scientifiques rattaché à l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui ont souligné "les impacts désastreux" de ces produits, dans une tribune publiée par le quotidien Libération.

© 2020 AFP

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2 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

gamma76
22/09/20 20:30

Aucun journaliste ne précise que depuis l'interdiction des néonicotinoïdes (campagnes 2019 et 2020) sur betteraves, il y a 3 à 4 passages d'insecticides aériens supplémentaires réalisés sur les parcelles (qui sont d'autant plus inefficaces pour se débarrasser des pucerons vecteurs de la jaunisse...). Ceci a finalement engendré une hausse d'utilisation de pesticide et surtout une augmentation du budget phytosanitaire, main d'oeuvre, mécanique et gasoil pour les exploitants... Et une baisse du prix de vente de la tonne de betterave (en 2020 : prix fixé entre 22 et 23 € la tonne). Attendons-nous à fermer des usines, créer des chômeurs et importer massivement de la canne à sucre OGM bourrés de pesticides interdit à l'usage dans l'Union Européenne !

moicmoi
22/09/20 21:06

C’est pas grave.
On achètera notre sucre aux US, en Pologne, en Géorgie, en…..et nos écolos seront contents.

Et personne n’ira voir que ce sucre sera bourré néonicotinoïdes et autres saloperies, à part quelques bouseux Français éternellement râleurs , gueulards, franchouillards, (peut-être même alcoolos) complotistes, même pas protecteurs de la terre nourricière et de ce qu’elle nous donne.

D’ailleurs, ces bouseux, on devrait les éradiquer On achètera notre bouffe en grande surface.

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