Prix des courses élevés à Paris, la faute de Casino et Carrefour ?

Actualité publiée le 30/01/23 11:27

C’est indéniable : faire ses courses à Paris coûte bien plus cher qu’ailleurs en France. Selon certains analystes, le prix particulièrement important du panier parisien s’expliquerait par l’omniprésence des groupes Casino et Carrefour, qui détiendraient respectivement 53 et 25% des parts de marché de la distribution alimentaire. Mais est-ce la seule raison qui impacte le portefeuille des clients ?

France info, en partenariat avec NielsenIQ, a lancé en décembre 2022 son Panier France Bleu, sorte de carte interactive permettant de connaître l’indice des prix par département, comparé à la moyenne nationale. Avec des prix 19% plus élevés qu’ailleurs, Paris est sans surprise le département le plus cher de France. Le prix du panier moyen dans la capitale est fixé à 121,16 euros. France info relève également des prix très élevés dans la petite couronne (12% plus cher dans les Hauts-de-Seine, 9,3% dans le Val-de-Marne, 7,2% en Seine-Saint-Denis…). Remplir son panier dans la Ville Lumière coûte donc cher, voire très cher.

L’UFC-Que choisir a récemment mis en ligne un comparateur des prix des supermarchés. À Paris, tous ou presque figurent dans la liste « très cher », et aucun n’apparaît dans la catégorie « bon marché » ou « assez bon marché ». Plusieurs magasins situés dans les centres-villes des autres grandes métropoles françaises sont pourtant répertoriés dans la dernière catégorie. Dans un contexte inflationniste impactant le pouvoir d’achat, de nombreuses voix s’élèvent contre le prix de la vie à Paris, et cherchent des responsables.

Deux acteurs seraient principalement visés : le groupe Casino, via ses enseignes Franprix et Monoprix, qui possède 53% des parts de marché de la distribution alimentaire et le groupe Carrefour et ses 25% de parts de marché. Le « duopole » potentiellement détenu par les distributeurs aurait, selon Le Parisien par exemple, des conséquences sur le portefeuille des clients. L’absence de concurrence dans la ville permettrait aux groupes Casino et Carrefour de dominer le marché et donc de rehausser les prix à leur guise. Il y a pourtant d’autres critères inhérents à Paris qui expliquent les prix élevés de l’alimentation. L’Autorité de la concurrence relèvent notamment des paramètres, comme « le coût du foncier dans la capitale, les surfaces réduites qui génèrent des coûts fixes plus importants ou encore le niveau de revenu moyen plus important qu’ailleurs ». À cela s’ajoute le coût exorbitant des loyers commerciaux parisiens, fixé en moyenne à 530€/m2 par an, selon Localcommercial.net, contre environ 180 euros dans les autres départements. Les coûts logistiques, en particulier ceux concernant la livraison, sont aussi très élevés, comparés au reste de la France. Ces différentes charges se répercutent inévitablement sur les tickets de caisse des clients.

De plus, si les prix affichés dans les magasins de Casino et Carrefour sont plus élevés que la moyenne nationale, il en va de même pour les autres services comme l’hôtellerie, la restauration, les cafés ou encore les transports… Paris est une ville malheureusement plus chère que les autres sur tous les plans. Elle a d’ailleurs souvent été qualifiée de « ville la plus chère du monde » par le journal The Economist ces dernières années ! Rien n’empêcherait par ailleurs les autres distributeurs français (Intermarché, Auchan, Lidl, Aldi, Super U…) d’ouvrir des magasins dans Paris. L’omniprésence sur le marché du groupe Casino et du groupe Carrefour ne signifie pas que ces derniers ont leur mot à dire quant au développement de la concurrence dans la ville. En prenant de la hauteur, il est important de souligner que les deux distributeurs contribuent au dynamisme économique de la capitale et génèrent de l’emploi. Aussi, la plupart des Carrefour City, Market, Franprix et Monoprix sont des magasins de proximité, donc accessibles à pied ou à vélo, contrairement aux formats supermarchés et hypermarchés, certes moins chers, mais situés en périphérie des métropoles. Un atout quand on sait que la moitié des ménages parisiens n’a pas de voiture.

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