173 000 tonnes d’or, c’est l’équivalent en or (au prix de $900 l’once) des
sommes qui auront été injectées pour relancer l’économie mondiale d’ici la fin
2010 (selon le G20), soit davantage que tout le stock d’or accumulé sur terre
depuis la nuit des temps !
D’autre part, comme nous l’envisagions dans notre dernier suivi du 3 janvier, la
Réserve Fédérale américaine (Fed) a débuté officiellement, le 18 mars 2009, une
politique de monétisation de la dette du gouvernement US. Elle va donc acheter
des obligations du gouvernement en échange de billets nouvellement imprimés. La
Fed va probablement monétiser encore des milliers de milliards de dollars, avec
une technologie (la planche à billets électronique) davantage digne d’un pays du
Tiers-monde que d’un pays développé ! L’avantage pour les USA étant de pouvoir
disposer de la devise de réserve mondiale. Tout cela aura évidemment de fortes
répercussions sur le niveau de l’inflation d’ici quelques années.
L’impact sur le prix de l’or a été immédiat, puisqu’il a gagné $70 juste après l’annonce de la Fed du 18 mars. Toutefois, les jours suivants ont vu l’or abandonner une bonne partie de ses gains. Il faut garder en mémoire qu’une hausse trop brutale du prix de l’or serait très mal perçue en termes de confiance pour le dollar et indirectement pour toutes les autres devises, surtout en ces temps difficiles pour l’avenir du système monétaire international. J’aborderai plus loin la question de la manipulation du prix de l’or et de l’argent, mais avec de nouvelles preuves d’accusation flagrantes à l’encontre de deux grandes banques, J.P. Morgan et HSBC.
Ce suivi sera aussi l’occasion de mettre à jour les principaux indicateurs de trading abordés dans mon livre :
La MM325j (moyenne mobile 325 jours) en tant que signal d’achat/vente sur l’or physique.
Les signaux d’achats par les CoTs.
Le ratio HUI/OR en tant que signal d’achat/vente sur les mines d’or.
L’inflation ou la mort
Tous les gouvernements sont actuellement engagés dans des programmes de « quantitative easing » (politique monétaire non conventionnelle) ou si vous préférez d’impression monétaire pour lutter contre les forces déflationnistes. Le but ultime étant de dévaluer le pouvoir d’achat de leur monnaie, donc de réduire le poids de la dette, de soutenir le prix des actions et de l’immobilier par l’inflation, tout en décourageant l’épargne.
La dette totale des USA dépasse $60 000 milliards, soit quatre fois tout ce que le pays produit en une année ! Lorsque vous ne pouvez plus vous montrer solvable, il vous reste trois options :
1) augmenter les impôts,
2) l’inflation,
3) la faillite.
Augmenter les taxes étant impossible vu la situation délicate dans laquelle se trouve le peuple américain et les entreprises du pays, la seule solution qui s’impose pour les USA (et le reste du monde) est l’inflation. Les politiciens l’apprécient car elle permet d’emprunter une somme d’argent qui achète une miche de pain et de rembourser cette même somme lorsqu’elle suffit tout juste à payer une tranche de pain !
La Fed montre une réelle application dans sa politique inflationniste, en ayant déjà doublé son bilan l’année dernière à $2 000 milliards, et nul doute que son bilan risque d’exploser dans les années à venir ! Après le krach de 1929, la Fed avait attendu jusqu’en 1933 pour adopter une politique de « quantitative easing », mais cette fois la réaction a été immédiate ! Plus le bilan de la Fed gonfle, plus grande est la quantité de dollars qui sont injectés dans les banques, puis dans l’économie. Pour l’instant, une grande partie de ces dollars sont encore retenus au niveau des banques, mais lorsqu’ils finiront par être déversés dans l’économie, les prix des biens et des services vont à nouveau prendre l’ascenseur : ce sera la partie visible de l’inflation pour le consommateur. Je dis la partie visible, car l’inflation est avant tout un phénomène monétaire.
Comme la masse monétaire n’a jamais cessé de croître, même durant la crise de l’automne dernier, nous pouvions bien nous douter que le chant des sirènes déflationniste n’était qu’une illusion ! Il existe en fait une réaction décalée dans le temps entre la croissance de la masse monétaire (l’inflation au sens strict du terme) et son effet sur les prix (l’inflation pour le public). Ce retard est de 1 à 3 ans, et correspond au temps qu’il faut pour que le nouvel argent diffuse dans toute l’économie. Je me base sur la croissance de la masse monétaire américaine TMS (True Money Supply), car les autres agrégats monétaires peuvent porter à discussion.
Nous voyons par exemple que la forte croissance de TMS en 2001-2004 nous a
conduit à une forte hausse des prix des matières premières sur la période
2003-2007. Ensuite le ralentissement dans la croissance de TMS en 2005-2006
aurait pu nous mettre en garde contre un ralentissement dans l’effet visible de
l’inflation autour de 2008-2009. Je ne dispose des données de TMS que jusqu’au
mois d’octobre 2008, mais nous voyons que depuis l’automne 2008, la croissance
de TMS a à nouveau accéléré. Nul doute que les renflouages, nationalisations,
plans de relance et monétisations vont contribuer à porter la croissance de TMS
à un niveau élevé dans les mois et années à venir.
Tous les pays qui ont contractés d’énormes dettes ces dernières décennies vont
s’engager sur la même voie que les USA. Ils n’ont plus d’autre choix, s’ils
veulent survivre, que de dévaluer leur monnaie. Même la Suisse s’est lancée
dernièrement dans la dévaluation de son franc ! On risque donc d’assister à une
dévaluation monétaire compétitive au niveau mondial, et la valeur de la seule
devise qui ne pourra pas être dévaluée, l’or, va automatiquement grimper en
termes de pouvoir d’achat dans toutes les monnaies. Les autres matières
premières vont également voir leur prix grimper, comme résultat de la perte du
pouvoir d’achat des monnaies.