La Chine, la Russie et d’autres banques centrales achètent de l’or. Cette
nouvelle tendance à l’achat d’or par les banques centrales asiatiques, du Brésil
et du Golfe (qui disposent encore de très peu d’or relativement à leurs réserves
en dollars) est un facteur de soutien pour le prix de l’or. Quant aux banques
centrales occidentales, elles se montrent de moins en moins enclines à se
débarrasser d’un métal qui pourrait figurer comme constituant d’une nouvelle
monnaie de réserve mondiale, désirée par la Russie et la Chine.
Dans le tableau ci-dessus, figure la proportion en or des réserves en devises
étrangères des banques centrales, et non le taux de couverture en or de la
monnaie ! Comme la Fed possède peu de devises étrangères dans ses réserves, son
stock d’or apparaît important, mais relativement à la quantité de dollars qui
figurent dans la masse monétaire M3, ce stock d’or ne représente que 1,6% de M3.
Les candidats potentiels pour de gros achats d’or ces prochaines années sont
dans l’ordre d’apparition sur la liste: le Japon, la Chine, la Russie, Taiwan et
l’Inde.
Fait remarquable, au mois de mars, une banque européenne, signataire des accords
de Washington II (fixant un quota de vente à 500t par année), a acheté de l’or !
C’est un fait remarquable, car depuis le début des années 80, les banques
centrales européennes n’ont jamais cessé de liquider leurs stocks d’or, ce qui
contribuait à peser sur le prix de l’or, qui est passé de $850 en 1980 à $256 en
2001.
Quant aux USA, leurs réserves d’or n’ont pratiquement plus bougé depuis 1980, en
se tenant aujourd’hui à 8’133t. Mais le doute subsiste quant à la proportion
d’or qui serait actuellement louée à des fins de contrôle du prix de l’or, donc
n’existant plus physiquement dans les réserves, mais sous forme de papier.
Le Fonds Monétaire International (FMI) avait annoncé depuis une année la vente
de 403t d’or sur les 3'217 qu’il détient en réserve. Durant le G20, le marché de
l’or était nerveux en spéculant sur de possibles ventes supplémentaires du FMI.
Pour l’heure, le FMI a simplement dit qu’il allait attribuer la vente de ces
403t d’or pour aider les pays pauvres. Que cette annonce fasse partie d'un plan
délibéré pour brider le prix de l'or en ces temps difficile est évidemment
discutable. Mais il sera impuissant à contrer les forces du marché sur le
long terme. Lorsque le prix de l'or est passé de $200 à $850 vers la fin des
années 70, le FMI vendait 1'600t d'or sur le marché, sans pouvoir arrêter la
hausse. A ces ventes s'ajoutaient encore celles des USA qui liquidaient une
partie de leur stock d'or.
Aujourd’hui les stocks d’or des banques centrales sont beaucoup plus bas et
l'état de l'économie est bien plus moribond que pendant la stagflation des
années 70. Le prix de l’or n’a plus beaucoup d’adversaires de taille pour
freiner sa hausse. Au contraire, il possède aujourd’hui des alliés de taille
avec des pays comme la Chine ou la Russie !
Léonard Sartoni