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Lait, boeuf, coton: la pandémie détraque l'agriculture américaine


Actualité publiée le 10/04/20 16:29

Un élevage de vaches laitières à Ancramdale, dans l'Etat de New York, le 17 janvier 2020 (AFP/Archives/Angela Weiss)

Du lait déversé dans les champs, des éleveurs moins bien payés malgré des steaks plus chers, les cours du coton en chute libre faute d'achats de vêtements: les dérèglements causés par la pandémie touchent de plein fouet les agriculteurs américains.

L'exemple le plus frappant est sans doute celui d'éleveurs forcés de liquider la traite du jour, au moment même où certains magasins demandent à leurs clients de ne pas acheter plus d'une brique de lait.

"Notre coopérative nous a demandé vendredi et mardi de jeter notre lait", raconte à l'AFP Brenda Cochran, qui avec son mari Joseph gère une exploitation de 70 vaches laitières en Pennsylvannie.

Son mari a dû épandre ce qui correspond à environ quatre jours de production dans les champs, comme du fumier.

"Devoir jeter du lait et voir en même temps dans la presse des photos de rayons vides de produits laitiers me met en colère", dit Brenda.

"On est comme tout le monde, englué dans cette terreur du Covid-19", explique-t-elle. "Mais pour nous, producteurs laitiers, elle s'ajoute à l'anxiété constante de ne pas pouvoir payer nos factures", après des années de prix très bas.

Les agriculteurs n'ont pas cessé de travailler depuis le début de la crise mais la demande habituelle n'est plus forcément au rendez-vous.

"Fermés, les écoles, les universités, les restaurants, les bars et les cantines n'achètent plus de lait, de viande, de fruits, de légumes et d'autres aliments, entraînant les prix des céréales et du bétail dans une spirale infernale", rappelle le principal syndicat agricole du pays, le Farm Bureau.

Côté logistique, les circuits de distribution destinés à la restauration collective ne sont pas les mêmes que ceux de la distribution aux particuliers, avec par exemple des contenants différents, et les ajuster ne se fait pas aisément.

- Covid-19 dans les usines -

Autre secteur durement affecté: les éleveurs de boeuf.

Les prix des bovins vivants cotés à Chicago ont baissé d'environ 30% depuis mi-janvier. Mais les prix des steaks ont augmenté dans les magasins.

"D'un côté le marché s'est inquiété d'une baisse de la demande avec la fermeture des restaurants, de l'autre les perturbations sur l'ensemble du circuit de distribution ont conduit à des rayons vides dans certains Walmart ou Costco", explique Mike Zuzolo, spécialiste des marchés agricoles pour Global Commodity Analytics.

La divergence est toutefois tellement importante que l'organisme représentant les éleveurs bovins, la NCBA, a officiellement demandé mercredi dans une lettre à Donald Trump d'ouvrir une enquête sur le sujet.

Le président, en pleine campagne pour sa réélection à la Maison Blanche, a promis une aide financière rapide. "J'ai chargé (le secrétaire à l'Agriculture Sonny Perdue) d'accélérer l'aide à nos agriculteurs, particulièrement dans les petites exploitations qui souffrent actuellement", a-t-il tweeté jeudi soir.

Il lui a ainsi demandé d'utiliser "l'ensemble des fonds et autorisations dont il dispose pour s'assurer que notre approvisionnement alimentaire est stable, solide et sûr. (...) Nous serons toujours là pour nos formidables fermiers, éleveurs, et producteurs!"

Les intermédiaires sont aussi touchés: le géant de la viande Tyson Foods a par exemple dû suspendre l'activité dans son usine de porc dans l'Iowa, après la détection de plus d'une vingtaine de cas de Covid-19 parmi les salariés.

Les céréaliers, qui se préparent à la saison des semis, ne sont pas épargnés alors même qu'ils espéraient enfin profiter d'une accalmie sur le front commercial après un accord signé mi-janvier entre la Chine et les Etats-Unis.

Les mesures de confinement imposées pour enrayer la propagation du Covid-19 ont fait chuter la demande en essence, et par ricochet en biocarburant fabriqué à partir d'éthanol.

Or environ un tiers de la production de maïs aux Etats-Unis est destiné à l'éthanol.

Résultat: les cours de la céréale ont plongé de 15% depuis mi-janvier.

Les prix du coton ont, eux, plongé récemment à leur plus bas niveau en onze ans.

Selon les experts de Commerzbank ils ont été frappés par des facteurs divers mais tous liés à la pandémie: la suspension de l'activité dans de nombreuses manufactures à travers le monde, en Chine en particulier, la baisse des dépenses pour les vêtements, considérées comme non-essentielles en période économique difficile, et la concurrence des fibres synthétiques, moins chères en raison de la chute des cours du pétrole.

Pour Brenda Cochran, le seul élément positif qui pourrait sortir de cette crise est la relocalisation des circuits alimentaires.

"Tout le monde devrait pouvoir accéder à de la nourriture fraîche produite localement", estime-t-elle. "Et cela s'applique à d'autres biens de bases comme les produits médicaux."

© 2020 AFP

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