Investir au Brésil, champion économique
d'Amérique du Sud
Alors que les marchés occidentaux n'en
finissent plus de faire trembler les investisseurs avec leurs lots récurrents de
mauvaises nouvelles macro-économiques, la reprise molle ou inexistante de leurs
économies et le poids colossal de leur endettement, les pays émergents
deviennent de plus en plus attractifs en comparaison, notamment les fameux BRIC
(Brésil, Russie, Inde, Chine).
Après une
première chronique dédiée à la Chine, nous passons en revue le Brésil.
Analysons de plus près le Brésil,
géant d'Amérique Latine, premier pays du continent à la fois en terme de taille,
de population et de PIB.
Un peu d'histoire...
Ancienne colonie portugaise, le Brésil obtient son indépendance en 1822. Le
pays, contrôlé tour à tour par un cartel de grands exportateurs de café, par une
série de dictateurs puis par l'armée, ne devient une véritable démocratie qu'en
1985.
Plus vaste pays d'Amérique Latine et 5ème mondial avec une superficie
d'environ 8 500 000 km2 (plus de 15 fois la France), le Brésil compte une
population de plus de 200 millions d'habitants. La langue officielle est le
portugais et la devise est le Real (BRL, R$).
De l'instabilité
économique à une croissance équilibrée...
Economiquement parlant, le
pays a eu beaucoup de mal à atteindre une certaine stabilité après avoir
souffert de nombreuses crises, notamment en 1998 et 2002 où il a frôlé la
faillite. Le Brésil était alors fragilisé par une inflation galopante et un taux
d'endettement lourd.
Les choses ont radicalement changé en une dizaine
d'années, sous la présidence de Luis Inacio Lula da Silva, pourtant ancien
ouvrier syndicaliste redouté du monde de la finance et dont l'accession au
pouvoir a fait plonger les marchés à l'époque. Après s'être imposé une
discipline budgétaire stricte, avoir assaini tout le système financier et
maîtrisé son inflation, le Brésil est devenu un acteur économique
mondial incontournable dont l'influence croît très rapidement.
Alors que les pays occidentaux peinent à sortir de la crise, lui
l'a traversé en coup de vent avec un retour à la croissance dès le second
trimestre 2009 et un taux de chômage inférieur à 8%; il peut à présent
profiter de la faiblesse des pays "industrialisés" pour se développer hors du
continent. Le groupe Marfrig Alimentos, numéro quatre mondial de la
transformation de viande vient ainsi d'acquérir le distributeur américain
Keystone Foods, principal fournisseur de McDonalds, alors que le groupe
sidérurgique Gerdau a finalisé un rachat aux Etats-Unis.
Nombre
d'entreprises brésiliennes sont en train de faire leurs courses dans
l'hémisphère nord, soutenues par la Banque Nationale de Développement
(BNDES) qui les aide à devenir des champions nationaux et à concurrencer les
grandes multinationales occidentales.
Ce rapide développement
économique s'est appuyé d'abord sur un puissant secteur
agricole et minier, dont le Brésil tirait l'essentiel de ses revenus.
Le pays est ensuite parvenu à rompre cette dépendance et à développer ses
activités industrielles et de services, notamment grâce à une
forte demande intérieure soutenue par une classe moyenne en expansion suite aux
plans massifs de réduction de la pauvreté organisés à travers le pays. Cette
diversification permet au pays d'être à présent peu exposé aux chocs exogènes et
d'avoir une croissance à la fois équilibrée et "dopée" par les matières
premières, dont il demeure un producteur majeur à l'échelle mondiale.
Son PIB est attendu en hausse de 5% pour 2010...
(l'importance
de la production de matières premières dans l'économie brésilienne se retrouve
même dans le drapeau national, dont la couleur verte symbolise la forêt et le
jaune les richesses aurifères du pays)
L'indice phare de la bourse de Sao Paulo, le BOVESPA,
reflète bien l'impressionnant développement de l'économie Brésilienne depuis la
crise de 2002. En bleu sur le graphe ci-dessous, on voit qu'il
surperforme largement les indices parisien (CAC 40 en rouge) et
américain (Dow Jones en vert) et qu'il s'est remis bien plus rapidement
de la crise que ses homologues de l'hémisphère nord.
évolution realtive du BOVESPA, Dow Jones et CAC 40
Cet indice est composé d'environ cinquante des valeurs les plus traités sur le marché de Sao Paulo, et compte dans ses rangs des géants tels que Petrobras (extraction et exportation de pétrole, plus grande capitalisation sud-américaine), Vale (premier producteur mondial de fer), Banco do Brasil (plus grande banque sud-américaine) ou encore Embraer (troisième constructeur aéronautique mondial).Vale et Petrobras représentent à elles seules plus de 25% de l'indice, ce qui fait du Bovespa un indice relativement cyclique aux mouvements de grandes ampleurs.
La devise brésilienne, le REAL, a également connu une
appréciation impressionnante ces dernières années, notamment par rapport à
l'euro et au dollar : sa valorisation en euros a doublé en une dizaine
d'années et pour l'instant cette tendance haussière demeure intacte.
Les taux d'intérêts sont maintenus à un niveau élevé sur la devise, supérieurs à
10% pour tenter de contenir l'inflation qui sévit à cause d'une forte
accélération de la croissance depuis le début de l'année.
évolution de la parité EUR/BRL depuis 2004
Est-t-il encore temps d'investir au Brésil ?
Au vu de la
croissance fulgurante des marchés actions brésiliens ces dernières années, les
investisseurs sont en droit de se demander si le rallye haussier ne leur est pas
passé sous le nez et s'il n'est pas trop tard pour se positionner à l'achat.
Il est vrai que les cours des actions brésiliennes évoluent non loin de leurs plus hauts historiques et que ces dernières présentent un risque-pays à considérer : le Brésil est une démocratie récente à la structure sociale encore instable (c'est le pays le plus inégalitaire au monde) et la fin du deuxième mandat de Lula en octobre 2010 donne un manque de visibilité quant à la politique économique que va mener le pays durant les prochaines années.
Cependant, malgré ces points négatifs qu'il faut garder à
l'esprit, les entreprises brésiliennes présentent une
solidité importante avec souvent une trésorerie qui dépasse 50% de
leur capitalisation boursière. De plus, le BOVESPA se traite actuellement à 12,9
fois les revenus estimés des sociétés qui le composent pour 2010, en comparaison
avec 11,6 fois pour le CAC 40 par exemple; la différence étant que le potentiel
futur des sociétés brésiliennes reste bien plus important que celui des
valeurs du vieux continent étant donné la forte croissance de la demande
intérieure et celle du PIB qui en résulte.
Ainsi, pour un
objectif moyen-long terme, il semble judicieux de se positionner sur le marché
brésilien, les titres conservant une marge de progression
importante et présentant des rendements élevés. Une
consolidation du BOVESPA pourrait donc constituer une belle opportunité pour se
placer à l'achat sur un horizon de une à plusieurs années. Comme diraient nos
amis brésiliens :"Antes tarde do que nunca" (mieux vaut tard
que jamais).
Pour se faire, inutile d'investir directement dans
le pays, chose d'autant moins aisée que le gouvernement a mis en place
en octobre 2009 une taxe de 2% sur les investissements étrangers en actions et
obligations, ceci afin de freiner les vagues de capitaux entrants jugées trop
importantes et qui ont provoqué notamment la violente appréciation du Real.
Trois solutions alternatives s'offrent à vous :
- les titres brésiliens cotés à New-York sous forme d'ARD
- des fonds/OPCVM composés de valeurs brésiliennes
- investir sur les trackers, probablement solution la plus
souple et économique. On peut citer le tracker
LYXOR ETF BRAZIL,
éligible au PEA et qui réplique l'indice IBOVESPA ou bien le iShares MSCI Brazil
Index Fund code EWZ ou encore le DB X-Trackers MSCI Brazil TRN Index ETF, code
XBR qui répliquent l'indice MSCI Brazil.
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