On vous vante souvent le charme de la diversification internationale. Je suis d'accord que ne pas être investi en actions étrangères est de se priver de plus de 90 % des opportunités aux quatre coins du monde, avec les mastodontes de l'IA et les multinationales des secteurs de la consommation. Cependant, vous avez tendance à négliger le risque de change qui peut entraîner de mauvaises surprises à propos de la performance de votre portefeuille.
Lorsque vous détenez des actions étrangères en dehors de la zone euro, la valeur en unité monétaire peut engendrer des écarts significatifs de performances dans un sens ou dans l'autre. Sur les réseaux sociaux, je constate que bon nombre de personnes bombent leur torse avec la pléiade d'actions américaines et leurs performances respectives. Mais ont-ils eu l'intelligence de surveiller rigoureusement l'évolution de la paire euro/dollar ?
Voici donc quelques solutions pour protéger votre portefeuille contre le risque de change auquel une majorité d'investisseurs n'ont pas le réflexe d'y penser. Mais juste avant, mettons en illustration
Vous êtes fièrement investi en actions américaines, mais il y a un couac
Je sais bien que les belles performances en Bourse se trouvent à Wall Street. Vous avez énormément de choix sectoriels et des entreprises bien positionnées sur les mégatendances qui redessineront le monde de demain. Le couac est que vous ne pouvez accéder en dollar. Certains d'entre vous qui liront l'article, s'opposeront, car certaines actions américaines sont disponibles en Europe, en particulier en Allemagne, sauf que leurs évolutions respectives intègrent déjà l'évolution de la paire de devises.
Supposons que vous détenez du Nvidia depuis le début de l'année 2025, vous gagnez 44,31 %. Mais si je prends en compte la performance de l'euro/dollar de 12,2 % à la même période, votre performance réelle s'élève à 32,11 %. Elle reste élevée, mais il faut souligner un gap important. Dans le cas où vous investissez sur QQQ, le ticker de l'ETF adossé au Nasdaq 100, vous ne gagnez que 9,29 %. Enfin, si je prends l'exemple d'une autre Magnificent Seven, Apple, vous perdez actuellement de l'argent.
Bref, vous faites moins les malins en mettant le paquet sur les actions américaines, dans un compte-titres en euros.
Augmentez votre exposition actions en devises locales
Quel que soit le lieu de votre résidence fiscal, tout investisseur n'est pas logé à la même enseigne. Je conçois que c'est une tâche complexe pour des investisseurs indiens qui voudraient investir sur Apple ou LVMH compte tenu des évolutions de la roupie face au dollar et à l'euro. Par contre, pour les investisseurs de la zone euro comme moi, les marges de manœuvre existent pour protéger leur portefeuille contre le risque de change.
D'une part, le marché actions de la zone euro regorge d'entreprises de belle qualité intrinsèque dans divers secteurs. Même si l'absence de vraies championnes de la tech demeure un point faible, il y a matière à trouver des opportunités à l'avant-garde de l'IA et au cœur de la transition énergétique. D'autre part, les entreprises européennes qui génèrent des revenus majoritairement en Amérique et en Asie peuvent profiter de la baisse de l'euro.
Ajoutez à tout cela, l'euro reste une devise majeure dans une moindre mesure par rapport au dollar américain, ce qui assure la liquidité sur les grandes capitalisations boursières. Cela étant, rien ne vous interdit de diversifier votre portefeuille aux quatre coins du monde, à la condition de bien répartir le risque de change.
Se protéger contre le risque de change à travers des produits financiers
Une stratégie réservée à des investisseurs plus avertis, réside à recourir à des produits financiers. Pour les investisseurs qui ne souhaitent pas se noyer dans la complexité, les ETF de couverture (hedge) atténuent les fluctuations de la devise contre celle de référence. Néanmoins, ils ne suppriment pas totalement pour des raisons de contrepartie.
L'autre possibilité consiste à investir sur des options de devises qui vous donnent le droit d'acheter (Achat de call) ou de vendre (Achat de put) à un prix d'exercice défini et une date échéance déterminée. Plus concrètement, vous essayez de miser soit sur la hausse ou la baisse de la paire de devises, tout en limitant les impacts de la performance de votre portefeuille. Dans l'hypothèse que votre broker propose des options de devises, sachez qu'elles sont réglementées par les autorités de marché. Ce qui signifie que les règles de contrepartie sont transparentes.
L'exposition sur ces produits financiers implique une compréhension du marché du Forex et ses aléas monétaires, macroéconomiques et géopolitiques.
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