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Endettement des Etats-Unis : stratégie de l'épargnant

Par Loïc Abadie

loic abadie

La statistique Z1 de la FED vient d'être publiée.

Même si elle arrive avec quelques mois de retard, elle est intéressante, parce que c'est la seule publication qui offre une vue exhaustive de la dette des USA et de ses composantes.

Rappelons (c'est le point essentiel que je défends) que cette crise n'est pas un problème de "dérèglementation", de "subprimes", de "pratiques frauduleuses", de "spéculation" (ce ne sont que des détails sur lesquels certains analystes se focalisent à tort), mais un problème de dette au sens large.

Deux éléments essentiels sont apparus au 3ème trimestre :

1) La première contraction de la dette des ménages depuis plus 50 ans.



(source : FED St Louis)

Cette évolution confirme le début du "credit crunch" et s'est immédiatement traduite par une forte chute de la consommation des ménages (qui ne fait que commencer).

2) Une croissance de la dette publique US sans précédent depuis plus de 50 ans (au moins)

La dette publique US a progressé à un rythme annualisé de plus de 39% par an au 3ème trimestre 2008. Dans une situation normale et saine, cette dette devrait progresser au rythme de la croissance du PIB : avec un PIB à +2% par an et une inflation à 3% par an, la dette pourrait croître de 5% par an.

Nous avions eu des rythmes élevés (autour de 15% par an) à la fin des années 70 et début des années 80, mais c'était dans une période de forte inflation : en monnaie réelle, l'augmentation restait soutenable. Cette fois ce n'est plus du tout le cas.

Sur le troisième trimestre 2008, près de 70% de l'augmentation de la dette totale a été le fait de l'Etat (le reste étant le fait des institutions financières), alors qu'il n'était jusqu'ici responsable que de 5 à 10% du total.

En clair, les dirigeants américains, poursuivant leur folie du toujours plus d'état, ont entrepris de se substituer à la fois aux ménages et aux entreprises pour que la fuite en avant dans le crédit puisse continuer encore un peu...

Bilan de l'opération : aucun résultat (en dehors d'une dégradation de la situation financière de l'état US) :

- Le PIB a reculé au troisième trimestre 2008, et devrait entrer dans une zone de forte récession (-4%/an ou pire) au 4ème trimestre 2008

- Les ventes au détail se sont effondrées, le recul atteignant 10% en monnaie constante entre novembre 2007 et novembre 2008 (recul sans précédent depuis plus de 55 ans).

La fuite en avant étatiste n'est pas et ne sera jamais une solution à cette crise, vu qu'elle en est en partie à l'origine !

Elle ne fera au contraire qu'aggraver la situation.

Conséquences pour les épargnants :

Vu ces données extrêmes et la taille de la bulle de crédit, il n'y aura pas de reprise inflationniste contrôlée possible (du type inflation à 10%/an pendant quelques années pour "effacer la dette" en douceur). Seules deux issues sont possibles :


a) la plus probable

Les dirigeants, sous la pression croissante des investisseurs qui deviendront moins attirés par les bons du trésor, et d'élus devenant plus réticents (on en a senti les premiers signes au moment de la discussion sur le plan Paulson) finissent par se rendre à l'évidence et cessent leur fuite en avant après quelques plans de relance ratés (ces plans de relance par la dette seront évidemment voués à l'échec comme les précédents).

L'état se contenterait alors d'accompagner la déflation et la liquidation de l'excès de dette (en limitant ses dépenses aux aides aux ménages les plus en difficulté et à une sauvegarde "minimaliste" du système financier) jusqu'à l'assainissement de la situation.

b) l'option alternative

Les dirigeants continuent coûte que coûte leur fuite en avant, et au rythme actuel (endettement augmentant de 39% par an), l'état US se trouvera en cessation de paiement au bout de quelques années (impossible de fixer une échéance précise, vu que ce sont les acheteurs de bons du trésor qui détiennent la réponse). Le système financier actuel disparaîtrait alors pour laisser place à autre chose.

C'est à cause de cette option alternative encore peu probable pour l'instant que je conseille de détenir 5 à 7% de son patrimoine en or physique à titre d'assurance.


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