Je suis arrivé sur les marchés financiers en 1992. Je me souviendrais toute ma vie de ma totale déconvenue au premier trimestre 1996. Le CAC 40 a complètement modifié son comportement, ne ressemblant plus en rien à ce que j'avais connu entre 1992 et 1995, soit 4 années pleines de cotations.
Je me suis longtemps interrogé sans rien y comprendre à l'époque.
En réalité, j'étais juste en train de vivre l'avènement d'une folie économique qui allait durer plus de dix ans. Tout vient ENFIN de rentrer dans l'ordre ! La bulle des actifs est corrigée. Nous sommes à nouveau dans le range historique aux USA des bénéfices / cours qui est quantifiable depuis presque 150 ans.
PER moyen sur le S&P500
Cela ne signifie nullement que le point bas est atteint sur les indices boursiers même si un 2 100/2 150 points sur le CAC 40 me plairait largement pour me réexposer pleinement...
Le marché baissier ayant entraîné un Dow Jones à 6 500 points montre surtout qu'il est à nouveau, après une décennie de folie, possible d'acheter à moyen terme des actions sans risquer à chaque instant un krach irrationnel lié à la bulle de survalorisation des actifs !
Sur le front économique, les USA dégraissent. La consommation diminue. Le taux d'épargne augmente.
Epargne des ménages (en rouge), période de récession (en bleu)
Le rééquilibrage salutaire semble enclenché pour de bon. Si on prend les données actuelles, qu'on les compare sur les bases historiques du vingtième siècle et qu'on les projette sur l'avenir de manière à obtenir une date où une situation standard serait à nouveau en place au niveau des grands équilibres (consommation en rapport avec les revenus des américains, ainsi qu'un taux d'épargne à 5%, donc au bas mot, 2.000 milliards de dollars en moins dans le PIB US), il y en a au moins pour deux ans ! Cela nous met fin 2010 pour la fin de la purge économique. Si les choses mettent moins de violence à se corriger, trois ans, soit fin 2011.
Bref, rien n'empêche les différents pays de fonctionner avec une économie déclinante. S'il n'y avait que cette perspective, je rentrerais immédiatement acheteur sur les actions. 2400 points est un point acceptable pour reconstituer des lignes moyen terme.
Sauf que pendant ce temps là...
...au niveau de la planète banque et finance, il y a de quoi ne pas en dormir de la nuit. La dette de l'Europe de l'Est rapportée en valeur relative aux PIB donne le vertige. La crise asiatique de 1997 est en comparaison une simple entrée sur un buffet 4 étoiles... Les refinancements 2009 de ces pays vont être sport...
Qui va payer ? Les monnaies ont déjà largement plongé de plus de 50% pour les pays touchés. Si les banques autrichiennes encaissent trop de pertes, l'effet domino va repartir illico. Impossible d'être acheteur quand un tel risque plane !
Deuxième point noir
Partout les faillites d'entreprise augmentent progressivement, poussant le taux de défaillance vers la zone de rupture global qui se rapproche...
Les Etats, à l'image de la France, dépensent sans compter. Un déficit de 100 milliards d'euros pour 2009. Tout le monde applaudit à court terme la puissance du seul rempart "au capitalisme sauvage", mais à vrai dire, la patate chaude ne semble pas perturber les populations qui préfèrent ignorer qu'il va bien falloir payer à un moment donné.
Les méchants traders ont au moins un avantage, celui de ne pas ruiner l'intégralité des populations. Tandis que les politiciens et les banques centrales en disposent... et ils sont en train de jouer avec leur pouvoir.
A ce jour, personne ne semble bien savoir comment le financement final aura lieu. Tout est repoussé dans l'avenir.
Les solutions des Etats reposent intégralement sur le fait qu'il y aura à horizon 5 ans un retour à la normale de 2007 en terme de consommation des ménages. Ce qui est tout à fait impossible techniquement aux USA...
Qui va payer ? Qui, les Etats vont voler pour financer ? Quels sont les groupes qui seront sacrifiés ?... Les riches qui ont planqué leur argent dans les paradis fiscaux ? Les messieurs "tout le monde" et "mesdames Michu" dont les euros ne vaudront plus rien, à l'image de ce qu'ont décidé les Russes avec le rouble ?