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La dévaluation de l'euro est inévitable à long terme

Par Charles Dereeper;

charles dereeper

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Les fonctionnaires sont les plus grands voleurs de la planète. Dire une telle phrase peut paraître provocateur ou choquant. Le seul souci, c'est que cette affirmation est vraie. Quand je parle de fonctionnaires ici, je fais allusion à ceux qui sont aux commandes. Pas l'infirmière de l'hôpital public du coin ou le policier du quartier.

Comment font ils donc pour parvenir à obtenir ce titre lugubre ? Les trafiquants d'armes, de drogue, prostitution et autres mafias divers et variées placent la barre haute. Pourtant, sur un strict plan financier, ce sont les fonctionnaires qui volent le plus d'argent aux gens.

Ils utilisent en fait une voie très pernicieuse et incomprise de la majorité des habitants : la dévaluation de la monnaie fiduciaire. En clair, ils vident de leur substance et de leur valeur, les billets de banque que nous détenons. Ce qui force tous les agents économiques à s'adapter et surtout à se bouger "le derrière" pour avancer sur un plan financier. Car le seul fait de stagner revient en réalité à reculer.

J'ai cherché longtemps l'intérêt des systèmes inflationnistes mis en place par les banques centrales et les autorités politiques des pays. Voici par exemple le graphique de la valeur de la livre streling ("pound") sur deux siècles (il finit certes en 2002, mais soyez rassurés, la tendance n'a pas changé depuis...). Vous pourrez mieux mesurer ainsi sur une longue perspective ce que les fonctionnaires anglais ont réalisé comme méfaits au détriment des Anglais (si l'idée saugrenue vous venait éventuellement de ricaner sur le sort de ces pauvres Anglais que nous les Français, nous apprécions mollement, je vous invite à consulter le graphique du franc, qui n'est guerre plus reluisant...)

Si ce n'est pas du vol de pro orchestré par les élites depuis un long moment, sans que personne n'y trouve rien à redire, cela y ressemble beaucoup. Ce graphique montre ce que de nombreux analystes savent. A partir du vingtième siècle, date de la création de la FED américaine et des énormes besoins de financement pour les guerres et la grande dépression des années 30, a été créé un système destiné à financer une partie des dépenses publiques par l'inflation et la dévaluation des monnaies papiers. C'est invisible aux yeux de l'opinion publique et diablement efficace.

1 dollar de 1900 ou une livre de 1900 ne vaut aujourd'hui plus rien, même pas 1% de sa valeur...

Certains affirment que le progrès des humains passe par l'inflation. Personnellement, je finis par penser que l'enrichissement des classes très supérieures passe effectivement par l'inflation et la dévaluation. En revanche, j'ai le sentiment que la très grande majorité des habitants des pays occidentaux gagnerait en pouvoir d'achat vis à vis de la vie matérielle et des dépenses courantes à l'aide de la déflation.

Ce n'est pas la madame Michu du quartier qui monte des opérations à effet de levier grâce à l'emprunt bancaire. Aujourd'hui que les termes de récession et dépression économique sont repris en masse, il faut juste comprendre que c'est une simple vue subjective de l'esprit des classes dirigeantes. En effet, une récession économique qui voit une chute du PIB de 2% par rapport à l'année précédente est "vendue" par la propagande comme dramatique, effrayante, dangereuse. Pourtant, dans les faits, cela signifie que le PIB de 2009 représenterait dans notre exemple 98% du PIB de 2008. Autant dire que dans la vie de tous les jours, rien ne changera.

En fait, les classes dirigeantes ont déterminé une bonne fois pour toute qu'il fallait progresser tous les 12 mois. Cela aurait pu être tous les six mois ou tous les deux ans. Non. Ils ont choisi la durée de 12 mois. A partir de là a été construit tout un système de valeur et de référence. Il faut voir le bourrage de crâne massif et intensif qui a lieu si l'économie s'avise de sortir de ce schéma au niveau de sa progression... En réalité, si le PIB est en légère récession sur 12 mois, la vie de 90% des Français sera maintenue en l'état. Quelques centaines de milliers trinqueront en se retrouvant au chômage. Seuls, les utilisateurs des emprunts bancaires (principalement les états, les entreprises et les ménages souhaitant acquérir un bien immobilier) qui misent sur une inflation et une croissance pour rembourser, se retrouvent perdants. Contrairement aux idées reçues, si on ramène ce nombre d'agents endettés à la majorité des populations humaines et si on fait dans une certaine mesure abstraction des emprunts immobiliers, il faut bien reconnaître que les perdants ne sont qu'une infime minorité en cas de récession. Ces derniers parviennent donc à imposer leurs points de vue à une immense majorité.


En même temps, ce sont les riches, les investisseurs et les entrepreneurs qui font avancer les sociétés humaines en innovant puisqu'ils concentrent les moyens financiers. Si on ne favorise pas ce type d'agents, les sociétés humaines vont stagner dans leurs développements.

Bref, le problème est compliqué et je n'ai pas encore trouvé d'auteurs convaincants qui fassent la démonstration définitive de l'intérêt d'une école ou de l'autre. Ce qui est certain, c'est que les forces déflationnistes sont à l'oeuvre avec la mondialisation dans le domaine de la production industrielle et des marchandises. En face, les classes dirigeantes ont dans un même élan contrebalancé ce mouvement (rappelons le encore une fois, qui est bénéfique pour Monsieur Tout le monde car il permet de gagner en pouvoir d'achat) par l'intermédiaire de politiques monétaires adaptées de manière à maintenir le système inflationniste en place. Ainsi, il est permis de dépenser plus qu'on ne gagne en tant que politiciens. En outre, le monde des services est lui aussi inflationniste grâce aux barrières quasi insurmontables que sont les langues. Les services ont donc la faveur des élites...

Ce qui signifie implicitement que les dévaluations vont se poursuivre et que je pourrais encore longtemps écrire que les plus grands voleurs de la planète sont les fonctionnaires chargés en théorie de notre bien être....

Si vous ne me croyez toujours pas, interrogez vous quelques instants sur la diabolique asymétrie qui existe entre la déductibilité des intérêts d'emprunts pour les entreprises contre la taxation assez forte des revenus des capitaux. Un chef d'entreprise efficace est condamné à emprunter pour avancer plus vite. L'accumulation du capital coûte extrêmement cher tandis que l'endettement est récompensé par les fonctionnaires qui ont trouvé là un moyen ingénieux d'associer les entreprises à leurs délires...

Ce qui est amusant, c'est que le troisième agent économique en jeu, les ménages représentant les pigeons du système et en même temps, la majorité en nombre, ne peut pas déduire de ses impôts, les intérêts, enfin, jusqu'à la prime Sarko en France par exemple, mais qui reste limitée en taille. Les ménages doivent financer le train de vie des fonctionnaires parasites et en plus, ne peuvent pas jouer économiquement avec les mêmes règles que celles des deux autres forces que sont l'Etat et les entreprises. La structuration pyramidale est respectée. L'égalité des humains est une simple fiction à laquelle seuls les plus faibles croient...

Pour finir, je ferais part d'une conviction au vu de la manière dont est gérée la crise économique en 2009 : l'euro va être au coeur du débat au cours de la deuxième décennie au sein de l'Europe. En clair, l'une des seules portes de sortie pour des pays comme la France, l'Angleterre, l'Italie ou l'Espagne repose sur la dévaluation de l'euro et l'hyper inflation. En face, l'Allemagne, l'un des seuls élèves monétaires sérieux et rigoureux sur cette planète, ne va pas renoncer aux bénéfices de tous ses efforts et à sa culture économique traditionnelle... ou alors, il me faudra bien admettre que donner le pouvoir d'une monnaie fiduciaire à des humains est un exercice impossible, puisque tous, absolument tous, mêmes les irréductibles, finissent par céder aux sirènes de la corruption !


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