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J’ai de plus en plus de mal à prendre au sérieux la démocratie européenne.
L’année 2009 et la crise auront eu la salutaire fonction de mettre sous la
lumière des projecteurs la manière repoussante dont fonctionnent les dirigeants,
les élites économiques et les politiciens.
Grâce à la Grèce et son surendettement, il est devenu pratiquement impossible de
douter de la noirceur de la vérité dans le domaine de la gestion des Etats…
La réalité dépasse la fiction.
2002 : la Grèce a besoin d’argent pour respecter les critères de l’Union
Européenne et de la mise en place de l’euro en tant que monnaie. Elle décide
donc de tricher et fait appel à Goldman Sachs, laquelle banque lui concocte un
beau petit swap pour masquer la source des liquidités miracles.
Voici donc un bel exemple de gestion européenne, à savoir un membre qui doit
bidouiller sa compta pour être dans la zone. Est-ce cela la démocratie ? Est-ce
pour vous aussi l’idée que vous vous en faîtes ? Pour ma part, déjà à ce stade,
je me dis qu’il n’y a finalement pas de différence dans les faits entre un
particulier qui triche, une entreprise qui masque et un Etat, alors que
normalement, celle-ci devrait exister… quand on pense que tout le monde prône le
retour de l’intervention des Etats en ce moment. Ben voyons…
Deuxième point noir : quel est le but de la manœuvre au-delà de l’Europe pour la
Grèce ? Poursuivre les dépenses somptuaires du pays qui vit largement au dessus
de ses moyens. Les dirigeants politiciens sont manifestement parfaitement
incapables de gérer : 10% de déficits budgétaires chaque année, faut pas
pousser... Il y a un moment où les compétences intellectuelles manquent à
certains individus, à moins qu’il s’agisse d’un simple pillage en bonne et due
forme, avec un système d’enrichissement personnel à travers le détournement
d’argent public, une hypothèse plus réaliste.
Pour la suite de cet édito, les politiciens grecs porteront le nom de pillards !
A ce moment là, en 2002 donc, les pillards savent qu’ils courent à leur perte,
puisqu’ils sont obligés de tricher. Il leur est impossible d’ignorer que leur
politique est intenable. Pourtant, ils continuent et repoussent l’échéance
finale.
Goldman Sachs qui n’emploie pas que des nouilles, voire même qui a tendance à
embaucher tous les plus gros cerveaux de la planète, se met tout naturellement à
vendre ses services tout en jouant de l’autre côté contre la Grèce, notamment
par l’intermédiaire des CDS. Cette banque est mieux placée que les autres, pour
savoir de quelle folie les politiciens sont piqués…
Pour la suite de cet édito, les grosses pointures de Goldman porteront le nom de
brute US !
Puis arrive ce qui ne peut qu’arriver, à savoir que quelques années plus tard,
le temps repoussé est fini et la Grèce succombe à ses dettes.
Les pillards, pris en plein jour la main dans le pot de confiture, se dédouanent
: ils accusent les traders et la spéculation d’être la cause de leur problème.
Ben voyons ! Ce sont ces traders surpuissants derrière les écrans d’ordinateurs
qui ont provoqué des dépenses d’Etat surdimensionnées par rapport aux recettes
pendant plusieurs décennies. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais
franchement, ils sont forts ces traders… méga balaises même.
Puis entrent en jeu les médias français. Ils emboîtent le pas à cette théorie
bidon en donnant de la voie dans ce sens et Goldman Sachs se retrouve sur le
banc des accusés.
Pour la suite de cet édito, tous les journalistes (j’aimerais écrire médiocres)
qui cautionnent les pillards au détriment des brutes US, porteront le nom
d’hypocrites français.
Et c’est reparti pour une partie à trois entre politiciens véreux (souvenez vous
en France, les régions socialistes hyper endettées par l’intermédiaire de
produits structurés), banque pseudo coupable de fabriquer le souhait des
politiciens et journalistes vraiment pas honnêtes.
Ce monde est il sérieux ?
Qui a créé le problème ? Qui a volé l’argent de la communauté européenne dans
les années 90, le détournant en masse sans respecter les promesses ? Goldman
Sachs peut être ? Non, la Grèce. Où sont les 80 hôpitaux qui devaient être
construits ? L’argent a en partie été détourné puis utilisé pour construire des
hôtels privés.
Je me faisais une autre idée de la démocratie. Car le spectacle qu’on nous offre
en ce moment, est sale, vraiment sale. Comment en tant que chef d’entreprise
accepter de payer au total, toutes couches confondues, 70% de sa marge en
impôts, pour financer ce genre de trucs ?
Et paradoxalement, le spectacle offert est aussi grandiose si on le regarde sous
l’angle de la virtuosité de la manipulation des foules. Il est rare d’assister à
autant de déformations de la réalité et tout aussi précieux de constater, que la
majorité des populations gobent des énormités sans broncher, en acceptant de ne
rien comprendre. Même si dans le fond, je ne me fais pas d’illusions sur la
finalité de ce show des dirigeants, à savoir, rassurer la communauté financière,
conserver la stabilité sociale et maintenir l’aptitude des pays à emprunter…
plus que de manipuler Madame Michu !
Je ne pensais pas non plus que les rédactions en chef des grands journaux
français pouvait approuver le mensonge, le vol ainsi que l’irresponsabilité au
sein de l’Europe. Comment est ce que ces rédacteurs en chef peuvent laisser
écrire que c’est la faute de Goldman Sachs ? C’est comme si on accusait les
fabricants d’armes d’avoir provoqué les tueries des camps de concentration !
Franchement, heureusement qu’internet existe et que les grands journaux perdent
tous les jours de leur influence, car leurs prises de position sont discutables
sur le fond. En acceptant de ne pas nommer celui qui intente l’action, celui qui
appuie sur la gâchette, pour mieux zoomer sur le vilain fabricant d’armes
financières, les journalistes affichent sans vergogne leur perversion et leur
renoncement à l’idéal d’informateur impartial.
J’imagine enfin les traders chez Goldman Sachs qui doivent quand même bien
rigoler, derrière leurs écrans, le midi en pensant à tous ces couillons
d’européens, car devant tant d’idioties humaines, il est quand même sain et
normal qu’ils encaissent la monnaie… certains journaux avancent le chiffre d’une
commission de 300 millions d’euros. Sans parler des gains en trading, que
j’espère juteux pour eux.
Les politiciens ressemblent finalement à tous les joueurs de casino du monde ou
à tous les addicts du surendettement. Leur grande théorie consiste à dire qu’on
ne doit pas considérer un Etat comme un ménage. Et s’ils se trompaient ? S’il
fallait justement considérer la gestion comme celle d’une entreprise et d’un
ménage. Au moins, cela aurait arrêté les pillards grecs avant qu’ils
n’endommagent trop leur pays… empêché que les brutes US gagnent un gros paquet
d’argent et enfin, que les hypocrites français montrent le côté pervers et
orienté de leurs jugements.