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Maires contre banquiers : le match de la mauvaise foi

Par Charles Dereeper

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Résumons : les banques ont orchestré la mise en place d’une gigantesque pyramide de dettes en direction des Etats, des collectivités, des particuliers et des entreprises. Tout le monde a applaudi pendant 5 ans. La croissance fictive permettait aux Etats d’avoir la paix avec les tensions sociales. Le business était bon pour les entreprises et les particuliers ont pu acheter de plus en plus de maisons grâce au crédit.

Puis, la bulle du crédit a explosé. C’est devenu la faute des banquiers et des traders, des gens très méchants, méchants.

Les Etats ont alors piqué dans la caisse commune des populations pour renflouer les banques et assurances tout en orchestrant en grande pompe une immense relance qui a stabilisé la situation en 2009.

Ce qui a fait dire à de nombreuses personnes que les gains étaient privés mais les pertes nationalisées ou encore, pile je gagne et face, tu casques à ma place.

Parmi tous les tenants de ce genre de discours, existent de nombreux maires. Or, s’il y a bien une chose que nous pouvons reprocher aux collectivités locales type mairie, c’est de pratiquer exactement le même comportement suicidaire que les banquiers, à savoir, je dépense, je me trompe et je fais payer les contribuables pour mes échecs en augmentant les impôts.

On ne compte plus les échecs et l’immense gaspillage des différentes couches administratives locales et régionales. En outre, le fait que les mairies puissent s’endetter au-delà du raisonnable et se livrer à des acrobaties financières destructrices m’a toujours laissé mal à l’aise. Une mairie n’est pas une entreprise !

Si je vous écris tout ceci, c’est parce qu’une situation tout à fait délicieuse est en train de se produire. Maires contre banquiers : nous avons deux catégories de mauvais joueurs patentés et affirmés. Ils se trouvent qu’ils commencent à s’affronter, ce qui promet d’être rigolo. On sort pour une fois du cliché des pauvres Mesdames Michues innocentes (américaines) qui se sont faites plumer officiellement. Non, c’est vrai, elles gagnaient 2000 dollars de salaire mensuel et elles ont acheté avec leur mari des maisons qui exigeaient 1500 dollars de remboursement, avec seulement 500 euros les premières années. Il ne fallait pas avoir trop de neurones sous le capot pour saisir que 1500 dollars de remboursement, ce n’était pas possible quand on en gagnait 2000. Imaginez la complexité de la soustraction et l’analyse du résultat final de 500 euros… Trop dur, car il fallait comparer ce chiffre avec celui des dépenses courantes du ménage. Limite impossible sans Pentium 8 double processeur ! Puisqu’on vous dit qu’elles sont victimes des méchants banquiers, alors quoi, pourquoi donc en rediscuter !

Là, dans le match entre banquiers et maires, le premier round est dans la même direction. Les maires de Laval (PS), Rouen (PS) ou Saint Etienne (PS) ont plombé les comptes des villes en souscrivant des emprunts, dont certains étaient swapés en livre sterling contre franc suisse. Des dizaines de millions d’euros. Les taux d’intérêt de remboursement risque de passer à 24%. Les élus veulent poursuivre les banquiers pour défaut d’information… et ont décidé d’augmenter les impôts locaux pour payer l’addition. Tiens donc, cela me rappelle vaguement un truc…

Non, c’est vrai. Ils pourraient réduire le personnel de 50%, couper toutes les dépenses superflues de la mairie pour rembourser leurs erreurs, des réactions normales de tout gestionnaire publique ou privé.

Au lieu de cela, nous obtenons une hausse des impôts et une communication active sur le statut de victime. Moi, en même temps, je dis ça, mais peut être que je surestime la quantité de neurones présents sous le capot des maires. Ben quoi ? La souscription d’un emprunt swapé en livre sterling contre franc suisse, quand je gère une ville en France dont la monnaie est l’euro, à aucun moment, je vous assure que je pouvais trouver cela bizarre… Je me suis douté de rien. C’est vrai Monsieur, quand je signe le contrat avec mon banquier, pas une seule seconde, je n’ai su ce que j’étais en train de faire… je suis une énième pauvre victime des manigances de sales banquiers cupides.

Allez attendons le deuxième round avec impatience et dans la bonne humeur ! Et ayons une petite pensée pour les habitants de ces trois villes.

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