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Savoir ne rien faire pour gagner plus

Par Charles Dereeper

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Souvenez vous ! C’était il y a deux ans en 2008 au début officiel de la crise financière. La récession, nous disait on, allait entraîner une chute des dépenses des ménages. Ces derniers étaient censés en revanche se recentrer sur leur home sweet home et consommer plus de jeux vidéos, de films et de loisirs et moins de dépenses inutiles. Les analystes, gérants de sicav et journalistes financiers recommandaient l’achat des sociétés dans ce domaine, dans le cadre d’une approche défensive des portefeuilles.... bonjour la défense…

Deux ans plus tard, voici les derniers chiffres. Aux USA, les ventes de consoles de jeux vidéos ont chuté d’environ 21% en 2009, en sachant qu’elles ont également diminué l’année précédente. Toujours selon les derniers chiffres NPD, les ventes de jeux ont baissé de 12% en janvier 2010 par rapport à janvier 2009.La console PS3 de Sony a même dégringolé de 36% au niveau de ses ventes.

La piste des jeux vidéos n’en était pas une. Il s’agissait en fait d’un piège.

D’une manière générale, le secteur des entertainment est moyen en Bourse. Cela fait par exemple 14 ans ci-dessous que les actionnaires de Walt Disney ne gagnent pas d’argent.



En plus, le titre a un dividende d’une rentabilité ridicule, autour de 1 à 2%.

Ubisoft et les autres, même combat sur dix ans.



Seule une valeur semble tirer son épingle du jeu : il s’agit de WWE, world wrestling entertainment qui exploite le catch, un spectacle qui résiste à la crise.



Si le titre est stable depuis dix ans, la société génère de grosses marges et verse des dividendes d’environ 8% de rendement.

En France, je passais en revue différents domaines : un secteur s’est écroulé. Il s’agit des journaux gratuits d’annonces locales. Au niveau national, ce marché a vu son CA global baisser des deux tiers. La claque est réelle. Les licenciements n’arrêtent pas. Pourtant en 2005 et 2006, ces sociétés étaient considérés comme des cash machine avec des taux de marge de 20% par an et plus, avant impôts. C’est la faute à la crise qu’ils nous répètent en chœur, sauf que le site leboncoin.fr qui fait le même boulot, explose les compteurs à la hausse en devenant l’une des principales audiences internet en France. La crise a bon dos. Bientôt, les dirigeants du secteur papier des petites annonces vont nous expliquer que leur échec est provoqué par les vilains traders et les hedge funds, un peu comme le ministre grecque du budget…

Voici SPIR Communications qui est passé de 180 à 20 euros.



Je viens de faire un test. J’ai vu arriver la crise en février 2007. A cette date, j’ai pris contact avec Loic ABADIE qui venait de démarrer ses formidables et lumineux écrits. Un livre a été créé qui s’est vendu à 5000 exemplaires, en arrivant les premiers sur le créneau en France. Nous nous sommes payés le luxe de vendre deux fois plus cher que la majorité des livres qui sont arrivés après nous sur le sujet. Le privilège des anticipations réussies…

Février 2007 – février 2010 = 3 ans. Si on prend le compartiment A depuis trois ans, date du début des soucis économiques, seules 14 actions dépassent les 10% de gains.

Sur le compartiment B, 18 titres sont en hausse de plus de 10% sur trois ans.

Une écrasante majorité est donc en baisse sur trois ans et ce, malgré une forte remontée des cours de presque 100% sur les douze derniers mois.

Moralité

En période de troubles économiques, cela ne sert à rien de rechercher la valeur qui va cartonner ou le secteur qui va résister. Au niveau des probabilités, le combat est perdu d’avance. Il est préférable de ne rien faire ou de jouer à court terme, ou encore d’accepter de jouer à la baisse.

Actuellement, les troubles économiques ne sont pas finis et risquent même fort de s’amplifier dans les trimestres à venir. Prendre des positions actions à la hausse est aléatoire à mon sens. Ne rien faire peut rapporter plus d’argent paradoxalement…

Pour être plus précis, les thèmes porteurs pour la prochaine décennie sont déjà connus. Problème monétaire avec le surendettement des Etats. Problème énergétique et matières premières agricoles et métaux liés à l’industrialisation de plus de 2 milliards de nouveaux individus. Problème enfin démographique, avec d’un côté, un développement suicidaire du nombre d’humain sur terre au détriment de l’habitat naturel et de l’autre, un vieillissement du monde économique développé ne pouvant apporter que de la déflation.

Exploiter ces thèmes par l’intermédiaire des marchés financiers est facile. Se positionner dès aujourd’hui est en revanche dangereux. En cas de nouvelle vague de crise financière, tout baissera de concert comme en 2008. Il n’y aura comme à chaque fois aucune décorrélation protectrice. La diversification est une chimère destinée à rassurer. Dans les faits, elle ne fonctionne pas.

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