Pour la première fois, une dirigeante d'un pays très influent vient de
détailler la vraie cause de la crise (lire
l'interview dans le Financial Times), et la technique de fuite en avant dans
le crédit qui était jusqu'ici la pensée unique des dirigeants du G20 (depuis
bien trop longtemps) :
"La crise ne s'est pas produite parce que nous avons distribué trop peu
d'argent, mais parce que nous avons créé de la croissance économique avec trop
d'argent et que ce n'était pas une croissance durable. Si nous voulons en tirer
des leçons, la réponse n'est pas de répéter les erreurs du passé".
"Nous devons regarder en face les causes de cette crise. Elle s'est produite
parce que nous vivions au dessus de nos moyens".
"La responsabilité repose sur des efforts de relance inadaptés aux USA, conduits
par le gouvernement et la FED, visant à faire redémarrer artificiellement
l'économie (...) en injectant des liquidités toujours moins chères dans le
système financier."
Interrogée sur l'échec d'un placement de bons du trésor anglais auprès des
investisseurs cette semaine, elle a répondu : "Cela nous montre que les états ne
peuvent pas éternellement vivre à crédit".
Tout est dit, et nous voyons bien ici la différence de vision entre des
dirigeants "boomers-euphoriques" intoxiqués par une mentalité générationnelle de
l'expansion infinie de la dette, de la consommation et de la vie à crédit aux
crochets des autres, et une dirigeante qui a connu un vrai environnement de
crise et un système en faillite (l'ex-RDA), et qui n'a pas du tout la même façon
de penser.
La présidente Allemande ne prend pas non plus ses électeurs pour des idiots
qu'il faudrait flatter ou de rassurer gentiment avec des discours creux, et
n'hésite pas à parler sans langue de bois de la situation de son pays :
"Germany, she says, is an over-indebted, export-oriented economy with an ageing,
shrinking population. It cannot boost consumption at the expense of exports"
Et cette petite phrase pour finir :
"It isn't just that the banks took over too many risks. Governments allowed them
to do so by neglecting to set the necessary [financial market] rules and, for
instance in the US, by increasing the money supply too much"
Inutile de dire qu'un tel discours, émanant d'une dirigeante de premier plan et
très influente au niveau européen, représente une excellente nouvelle et un vrai
espoir de changement : la pensée unique basée sur la fuite en avant keynésienne
commence à se fissurer sérieusement.
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