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Analyse financière - Leçon 11 - L'évaluation des entreprises, ANCC et traitement actif

Thème ambitieux que celui d'évaluer de manière chiffrée la valeur d'une entreprise. C'est pourtant la préoccupation principale de l'analyste qui cherchera par cette démarche à estimer la valeur théorique d'une action.

Cela lui permettra de repérer les titres sur ou sous évalués et ainsi de mieux arbitrer ses placements en fonction des espoirs de gains potentiels.

Puisque nous avons abordé les principaux aspects comptables du compte de résultat et du bilan dans les précédentes leçons, nous avons désormais toutes les armes pour pratiquer les techniques d'évaluation.

Ces dernières sont nombreuses et privilégient des approches différentes. Nous vous présenterons ici, sans être exhaustifs, une panoplie de méthodes. L'enjeu n'est pas de les utiliser toutes mais plutôt de repérer celles avec lesquelles vous serez le plus à l'aise.

Plusieurs approches

Parmi les grandes familles de méthodes d'évaluation on en distingue 2 principales :

- celles qui se fondent sur des éléments patrimoniaux, présentées dans cette première leçon.
- Celles qui ont pour objet l'actualisation ou la capitalisation, c'est à dire plus tournées vers la rentabilité et qui feront l'objet de la prochaine fiche.

I - Les méthodes patrimoniales

Si les méthodes privilégiant la vision patrimoniale sont les plus utilisées, cela tient au fait que leur mise en œuvre est simple et assez rapide. Leur objet est de dégager la valeur d'une entreprise en fonction de ses éléments patrimoniaux tels qu'on les retrouve au bilan.

I-1 L'actif net comptable corrigé (ANCC)

Dans cette méthode il s'agit principalement de retraiter les actifs et les dettes de la société pour les ramener le plus près possible de leur valeur réelle et ainsi dégager par soustraction la valeur de l'entreprise à un instant t.

ANCC = somme corrigée des actifs - somme corrigée des dettes.

La réalité économique est souvent éloignée du formalisme comptable, aussi pour avoir une vision la plus précise de la valeur d'une société, il sera nécessaire de réévaluer certains postes. Les cas les plus courants sont constitués par des immobilisation (par exemple des immeubles) dont la valorisation qui figure au bilan est éloignée de leur valeur de marché ou des stocks qui se sont dépréciés, etc.

Tout d'abord nous ne sélectionneront pas tous les postes du bilan pour nos opérations, nous éliminerons certaines parties.

a) Traitement de l'actif

Lors de la comptabilisation de l'actif d'une société nous soustrairons de cette masse, les non valeurs telles que les frais d'établissement ou les charges à répartir. Ensuite il nous appartiendra de réévaluer les biens en fonction de leur valeur de marché : vérifier la valeur réelle des immobilisations, la valeur des stocks. Une fois que ces valeurs auront été déterminées nous auront une valeur qui colle à la réalité.

b) Traitement du passif

En ce qui concerne le passif, seront retenus pour le calcul des dettes: les provisions, les dettes financières, les dettes d'exploitation et hors exploitation. Les capitaux propres seront laissés de côté, nous inclurons juste dans les dettes, si le cas se présente, le montant des dividendes à verser.

De même lors du retraitement nous corrigerons les montants respectifs : dettes sous estimées, etc.

Exemple :
A partir du bilan fictif suivant nous allons calculer la valeur de la société.

ACTIF PASSIF
  Brut Montant net   Montant net
Immobilisations incorporelles
Frais d'établissement
Immobilisations corporelles
Immobilisations financières

600 000

60 000
5 000
400 000
50 000
Capital
Réserves
Résultats
Provisions réglementées
340 000
85 000
50 000
30 000
Stocks 150 000 120 000 Provisions pour charges 70 000
Clients 500 000 450 000 Dettes financières 50 000
Charges à répartir 15 000 Dettes d'exploitation 480 000
Disponibilités 30 000 Dettes hors exploitation 25 000
 
Totaux 1 130 000 1 130 000

Comme élément complémentaire nous savons que la société a 25 000 euros de dividendes à verser

a) L'actif net comptable (ANC)

L'actif net comptable reprend le même principe de calcul que l'ANCC, la seule différence étant qu'aucune correction sur les valeurs figurant au bilan n'est effectué.

- Actif : 1 130 000 - 5 000 (frais d'établissement) - 15 000 (charges à répartir )

= 1 110 000

- Dettes : 70 000 (provisions pour charges) + 50 000 (dettes financières) + 480 000 (dettes d'exploitation) + 25 000 (dettes hors exploitation) - 25 000 (dividendes à verser)

= 600 000

L'actif net comptable est donc égal à 1 110 000 - 600 000 = 510 000 euros.

En cas d'arrêt de l'activité de la société, c'est la somme qui resterait à partager entre tous les actionnaires.

b) de l'ANC à l'ANCC (corrigé)

Maintenant nous poursuivons cet exemple en passant aux corrections nécessaires afin de s'approcher le plus possible d'une réalité économique tangible, voici les éléments dont nous disposons :

- Les immobilisations corporelles sont constituées d'un immeuble, or il s'avère que compte-tenu de l'évolution du marché, son prix de cession est supérieur d'au moins 30%.

- Les stocks comprennent de nombreux produits périmés et de plus certaines matières premières ont vu leur cours chuter, la réalité impose que nous les minorions de 25%.

- Enfin les dettes d'exploitation ressortent à un niveau réel diminué de 5% par rapport à la valeur comptable.

Forts de ces nouveaux éléments nous allons pouvoir calculer notre actif net comptable corrigé :

Actif = 1 110 000 + 400 000 * 30% (immob. corporelles) - 120 000 * 25% (stocks)

= 1 200 000 euros

Dettes = 600 000 - 480 000 * 5%

= 575 750 euros

ANCC = 1 200 000 - 575 750 = 624 250 euros

Au final la vision la plus réaliste de la valeur à "la casse" de la société ressort supérieure de 22,4% à la première approche de l'actif net comptable. Pour obtenir la valorisation théorique d'une action il suffira alors de diviser la valeur obtenue par le nombre d'actions composant le capital.

Conclusion

Nous venons de le voir, le principal avantage de la méthode est sa simplicité. Un bilan suffit pour calculer l'ANC, et pour calculer les corrections de l'ANCC nous disposons d'une batterie d'indicateurs : prix des matières premières, loyers et prix de ventes moyens, etc. qui nous permettent d'ajuster nos mesures.

Le seul désavantage de ces méthodes est justement leur vision patrimoniale qui reste figée à la photographie donnée par le bilan. L'évaluation est plutôt à visée "liquidative" (arrêt de la société) et ne tient pas compte de la rentabilité future de la société.

Les cours de bourse suivant un mécanisme d'anticipation, ils intègrent pour partie les éléments futurs, d'où la limitation de cette méthode. Elle sera donc principalement utilisée pour calculer la "valeur à la casse" d'une société, soit le plancher de valorisation, il est évident qu'une société dont les actions coteraient sous cette valeur se trouverait sous évaluée.

Dans la prochaine fiche nous aborderons les méthodes qui sont basées sur la rentabilité et les flux financiers futurs appréhendant mieux le principe de continuité de l'exploitation.

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