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37 ans de gabegies valent bien un AA+

Par Rodolphe Vialles

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A cent jours de l'élection présidentielle française, la perte de la notation triple A de la France est un coup dur pour le président Sarkozy. Il faut dire qu'il a eu tord de l'ériger comme un "saint graal" ou encore un "trésor national", cela se retourne contre lui aujourd'hui. La gauche va s'engouffrer dans la brèche pour lui en imputer la responsabilité.

Pourtant c'est bien la classe politique dans son ensemble, de gauche comme de droite, qui en porte la responsabilité. Une oeuvre collective en somme et depuis 37 ans précisément.

En effet, depuis 1975, pas un seul budget n'a été présenté à l'équilibre. Chaque année il a fallu s'endetter pour boucler le déficit. Cette boule de neige n'a fait que grossir, grossir pour atteindre des proportions considérables. Alors certes, la France n'est pas la seule à avoir cédé aux sirènes de l'endettement, mais le fait inquiétant c'est que chez nous cela n'a pas servi à investir, cela a été de la pure dépense de fonctionnement.

S'endetter pour investir ne pose pas de problèmes, on bâtit l'avenir et on prends le pari que les investissements réalisés seront productifs. Par contre, s'endetter pour payer des fonctionnaires ou le "modèle social français" cela n'a pas de sens et un jour ou l'autre ça nous mène dans un mur.

Nous y sommes aujourd'hui et ce premier coup de canif dans la notation de crédit française n'est sans doute pas le dernier. Standards & Poor's a placé la France sous "perspective négative", cela signifie que la note peut être abaissée d'un ou deux crans supplémentaires d'ici les 2 ans qui viennent. Une deuxième agence, Moody's devrait se prononcer bientôt à notre sujet.

Le timing de l'annonce de S&P est également intéressant à noter. Alors qu'une certaine accalmie régnait depuis un mois et que les négociations sur les différents mécanismes de sauvetage européens se poursuivaient, un événement à eu lieu ces derniers jours.

La France est revenue à la charge dans les négociations pour tenter d'adoucir le futur pacte européen et notamment sur le volet qui prévoit des sanctions pour les pays qui dérapent. Elle s'est heurtée évidemment à l'Allemagne et à la BCE et elle a, à cette occasion, montré toute son irresponsabilité et son côté "dilettante du sud". Ce nouveau pacte qu'elle a elle même proposé avec l'Allemagne, elle voulait aujourd'hui le vider de son contenu et ouvrir une nouvelle fois les vannes de l'irresponsabilité budgétaire.

Dans la foulée, S&P dégradait la France. Hasard du calendrier ou confirmation pour les analystes de l'agence américaine que nos têtes pensantes sont vraiment des touristes ? La question mérite d'être posée.

Maintenant que la France est passée AA+, et peut être AA à la fin de l'année, qu'espérer ?

D'une part que les taux longs ne vont pas exploser à la hausse car cela impactera les finances publiques mais également les emprunteurs (immobilier). D'autre part, que de vrais plans d'économies vont être mis sur la table par les prétendants à l'élection présidentielle.

Il faut repenser complètement le "modèle social français", totalement obsolète et pour lequel nous n'avons plus, depuis longtemps, les moyens. Il faut moderniser l'administration pléthorique et reprendre le contrôle financier de régions et départements qui sont encore plus irresponsables que nos dirigeants nationaux d'un point de vue financier. Il faut une fiscalité juste et non confiscatoire, stimulant l'investissement, etc.

C'est un projet de révolution économique et sociale qu'il faut présenter aux français, mais il faut l'adapter à nos moyens. Ils en feront le choix lors de l'élection présidentielle et l'assumerons. Mais il faut arrêter de les faire rêver en promettant monts et merveilles. C'est à ces conditions que la France remontera la pente et cessera de s'enfoncer année après année avec son boulet social au pied.

Quand retrouver le AAA ?

Les Echos ont fait une étude intéressante sur le délai nécessaire pour retrouver une notation financière maximale (AAA) après une dégradation. Et bien il faut entre 10 et 18 ans si on regarde les différents cas d'étude : Canada, Australie, Danemark, Finlande et Suède. Ces cinq pays dépensaient à chéquier ouvert, à l'image de la France, pour se payer des "modèles sociaux" eux aussi.

Tous se sont attaqué avec vigueur à la situation pour redresser la barre. Il est à noter que cela ne s'est pas joué sur le volet recettes avec un alourdissement des prélèvements obligatoires mais bel et bien sur une reforme de l'Etat et une chute vertigineuse des dépenses publiques.

Il ya des cas d'étude, nos prétendants à l'Elysée feraient bien de s'en inspirer. Quand on voit les premières lignes des programmes, on est cependant loin d'être rassuré !


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