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Le mensonge économique aura tenu 6 mois

Par Rodolphe Vialles;

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Il aura fallu 3 jours pour que toutes les certitudes du gouvernement s'effondrent en matière de croissance. Les promesses ronflantes de croissance à +0,8% en 2013, l'atteinte d'un déficit public de 3% la même année, tout ce bel édifice de promesses électorales est à terre.

Ce n'est pas une surprise, on le savait tous comme l'a révélé un récent sondage montrant que les français ne croyaient pas aux promesses économiques du gouvernement.

Tout est parti de la Cour des Comptes et de son rapport annuel, puis telle une trainée de poudre, passant successivement par Fabius, Cahuzac, Ayrault et enfin Moscovici l'aveu d'erreur se précisait.

Car il s'agit d'une faute majeure d'avoir vendu une croissance du double de celle que l'Allemagne prévoyait dans le même temps pour 2013 et surtout de s'y être accroché si longtemps. Il s'agit aussi d'une faute majeure de ne pas tenir une prévision économique plus de 6 mois. La crédibilité du gouvernement a pris ce matin une énorme claque.

Il faut dire que le recul de 0,3% du PIB au 4ème trimestre 2013 a mis un coup de massue à l'exécutif. Pas aux français qui voient bien le rythme auquel les usines ferment, aux commerçants dont les magasins sont désertés, aux entreprises aux carnet de commandes en chute libre dans tous les secteurs, tous ces français là le sentent à leur échelle micro-économique.

Mais voilà, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont décidé de vendre du rêve. Pour mieux faire avaler la pilule des hausses d'impôts massives sans doute.

Aujourd'hui ils sont confrontés à la réalité et vont devoir y faire face. Il faudra produire une nouvelle prévision de croissance, adieu les 0,8% ce sera du 0,3 à 0,4% pour les optimistes et plus proche de 0 pour les réalistes. Les conséquences seront lourdes car le déficit à 3% du PIB ne sera pas atteint dans ces conditions et de loin. Comme le révèle le rapport de la Cour des Comptes même avec une croissance de 0,8% nous n'aurions pas fait 3% de déficit en raison de recettes fiscales surévaluées.

Il faut donc se préparer à un trou supplémentaire proche de 10 milliards d'euros en fin d'année. Des pistes pour limiter la casse ? Pas vraiment. Ce ne sont pas les emplois d'avenir ou les contrats de génération qui se précisent de plus en plus comme de gros bides qui redresseront le pays et surtout pas ses finances. Des économies sur les dépenses de l'Etat ? Vous n'y pensez pas alors que le carnet de chèque chauffe en direction de l'électorat et qu'aucune mesure de réduction des dépenses n'a encore été mise sur pied. Des hausses d'impôts supplémentaires ? On a du mal à l'envisager après la folie fiscale de ces derniers mois (années), cela aboutirait au final à un rendement négatif.

Il va aussi falloir aller expliquer à l'Europe, à nos partenaires et à nos prêteurs que l'ont s'est planté, bel exercice d'équilibriste à venir. Un accroc de plus aussi sur la zone euro tout juste convalescente.

Le discours gouvernemental se prépare mais nous n'aurons pas de mea culpa. On commence à évoquer pèle mêle, la faiblesse de la croissance en zone euro, la petite forme de l'économie mondiale, l'euro fort face au billet vert, etc... En deux mots "ce n'est pas de notre faute". L'environnement économique est pourtant parfaitement connu depuis des mois. Les autres pays ont établi des prévisions de croissance sincères et il n'y a aucune surprise à déplorer de ce point de vue là.

Il n'y aura pas de salut sans une baisse massive des dépenses. Mais nos gouvernants ne brillent pas par leur courage sur ce point, quelque soit leur orientation politique. La pression risque cependant de monter et cette fois ci elle sera extérieure. Puisque la réforme ne peut venir de l'intérieur, c'est peut être au final un mal pour un bien que les marchés ou nos partenaires européens nous imposent une cure d'austérité sur les dépenses de l'Etat qui ne sont plus en rapport avec la richesse du pays.


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