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"A quoi servent nos impôts ?". Le titre de ce billet a été directement repris du
courrier que j'ai reçu hier dans ma boite aux lettres et qui annonce la saison
des déclarations d'impôt sur le revenu.
Un courrier signé du Ministre du Budget et qui fait un peu de pédagogie sur les
comptes publics français. Petit détail savoureux, le courrier est signé Eric
Woerth alors qu'il n'est plus ministre du budget mais ministre du travail depuis
près d'un mois... bref mon propos n'est pas là mais bien dans la teneur du
courrier.
Un ton un peu mielleux, destiné sans doute à faire passer la pilule à la moitié
de français qui payent des impôts sur le revenu. Je pense que moins d'une
personne sur cent a du le lire, d'où le texte de cette chronique.
Avant toute chose, voici la partie qui nous intéresse, le fameux encadré "A quoi
servent nos impôts" et ses deux fiers camemberts en 3D.
Bon j'avoue, travaillant dans le domaine économique je n'ai pas été surpris par
ces chiffres. Néanmoins je pense que les français n'ont pas bien conscience de
l'état dans lequel se trouve le pays. On parle beaucoup de la Grèce ou du
Portugal dans les médias, mais à ce rythme c'est de la France dont il sera
bientôt question.
Ces deux simples graphiques pourraient mettre fin à des tonnes de discussions
politiques, revendications syndicales ou sociales, batailles pour la réduction
des charges et autres. Que l'on soit de droite ou de gauche, le constat est
limpide, l'Etat ne vit pas au-dessus de ses moyens, il vit très très au-dessus
de ses moyens !
Qu'on en juge, les experts de Bercy nous indiquent 270 milliards d'euros de
recettes pour 420 milliards de dépenses, soit un trou béant de près de 150
milliards d'euros rien qu'en un an ! Et puis comptons sur eux pour que ce
déficit, comme chaque année, dérape un peu plus.
On se dira, comme on nous l'a martelé dans les journaux "c'est la faute de la
crise". Regardons de plus près quelles sont les dépenses de crise :
"investissements d'avenir" : le fameux grand emprunt qui a fait couler tant
d'encre et qui ne représente que 35 malheureux milliards sur un déficit de
150...
"Plan de relance de l'économie" : 5 milliards...
Et voila, on a fait le tour des dépenses que l'on peut qualifier de
conjoncturelles, mais il manque encore 110 milliards d'euros pour boucler le
budget ! Allez, on arrondit à 100 milliards avec le manque à gagner fiscal.
A la lecture du graphique des recettes on voit mal comment on pourrait y
arriver. Les partisans des hausses d'impôt peuvent donc se calmer car la
solution au problème n'est pas là. Le "gap" entre les recettes et les dépenses
est tel, que la seule solution est de tenir une politique d'austérité.
En dépit de la très forte pression fiscale française (une des plus fortes du
monde pour mémoire), on est très très loin de boucler le budget et quelques
soient les hypothèses d'alourdir le fardeau fiscal, elles ne tiennent pas. Il
faudrait passer la TVA à 50% ou alors quadrupler l'impôt sur le revenu pour être
à l'équilibre... des cauchemars éveillés.
Le comble c'est que l'an prochain ce sera pire. Pour boucler son budget 2010,
l'Etat va emprunter 150 milliards sur les marchés, ce qui va générer 5 milliards
par an d'intérêt de dette (10% de l'impôt sur le revenu).
Nous sommes rentrés dans une spirale infernale qui est intenable sans mesures
draconiennes. On le voit avec la Grèce, l'engrenage est très rapide et il suffit
d'une dégradation d'agence de notation financière pour faire exploser les taux
d'intérêt auquel un Etat se finance et par conséquent encore alourdir sa dette.
Pour mémoire, la dette publique française atteint environ 1500 milliards d'euros
fin 2009, on sera proche des 1700 milliards fin 2010 et on continue à signer des
chèques en blanc. La Grèce à un problème, pas de soucis, la France fera un prêt
de 6 milliards sans poser quasiment aucune conditions d'austérité et de gestion
rigoureuse à son partenaire hellène... on croit rêver ! les caisses sont vides
et on va aller s'endetter encore un peu plus pour voler au secours d'un plus
mauvais gestionnaire que nous en jouant les grands seigneurs. Un prêt qui a de
surcroit de grandes chances de ne jamais être remboursé... Heureusement
l'Allemagne pose ses conditions, des conditions logiques, que l'on aimerait bien
entendre aussi de la bouche de nos dirigeants.
Au final, a quoi servent nos impôts ? A pas grand chose et surtout de moins en
moins. Les augmenter ne servira à rien, la seule voie d'avenir et d'accepter une
fois pour toutes de vivre selon nos moyens en réduisant les dépenses en
conséquence. On attend encore le messie politique qui va oser dire la vérité aux
français.