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Euro/Dollar : où se situe le seuil de douleur ?

Par Rodolphe Vialles

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La monnaie unique vient de battre son record de fermeté face au dollar américain en dépassant pour la première fois de son histoire le seuil des 1,37 dollar pour un euro. Pour autant, aucune voix ne s'élève sur le vieux continent pour dénoncer cette dévaluation rapide de la devise américaine. Aucune ou presque car un petit pays gaulois résiste à l'envahisseur par le biais de son Président, Nicolas Sarkozy. En effet, le Président français est le seul à monter au créneau et à admonester la BCE pour qu'elle régule un peu la forte poussée de l'euro. Cette dernière se retranche derrière sa sacro-sainte indépendance et ne prête pas le flanc à la critique.

Pour autant on se rappelle il y a quelques mois, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, avait eu quelques mots sur des "mouvements désordonnés et volatils nuisibles sur le marché des changes". Comme tous les propos des présidents de banques centrales, il faut sortir le traducteur. Pour lui cela signifie que l'euro s'appréciait trop vite.

A l'époque nous avions atteint un pic à 1,33 dollar, il a depuis coulé de l'eau sous les ponts... Aujourd'hui, les gardiens du temple monétaire européen voient dans l'euro fort un des moyens de garantir toute dérive à la hausse des prix. Ils agitent le chiffon rouge devant les cambistes en mettant en avant les risques inflationnistes et laissent planer de futurs tours de vis sur les taux d'intérêts.

La conclusion est claire, le seuil de douleur était situé vers 1,33 dollar l'an passé, il est peut être aujourd'hui à 1,40 ou au delà. En un sens c'est logique, puisque depuis, la BCE a fortement remonté ses taux d'intérêts et le différentiel de taux avec les Etats-Unis s'est considérablement resserré. Or, la différence de rémunération en faveur du billet vert n'est guère plus attractive pour les investisseurs.

Alors pourquoi personne, à l'exception des français, ne bronche dans la zone euro ? Les allemands par exemple, dont la BCE est une émanation en terme d'orthodoxie monétaire, sont beaucoup moins sensibles que la France à un euro fort. La politique de la monnaie forte y est vigoureusement défendue et la structure même de leurs exportations ne souffre pas.

Ces derniers, exportateurs notamment de produits d'industrie lourde qui n'ont guère de concurrence, ne sont pas gênés par l'euro fort. A la différence, la France a des pans entiers de son économie sensible à l'euro fort : le luxe qui s'exporte moins bien, le tourisme qui souffre de la désaffection des visiteurs américains, Airbus bien entendu qui vend ses avions en dollars, etc, etc.

Du côté de la BCE on ne dit rien, mais il y a fort à penser qu'avec le dépassement des 1,37 dollar on approche le seuil d'intolérance et que la marge d'appréciation est fine. Certes cette dernière n'a pas beaucoup d'armes à sa disposition pour remettre en cause la flambée de l'euro, elle ne va pas baisser les taux dans le contexte actuel et elle ne va pas non plus vendre des euros, il faudrait mettre en œuvre des sommes considérables pour un effet durable. Par contre, une petite phrase bien sentie de son président sur les "mouvements désordonnés des devises" pourrait faire son effet sur le marché. Gageons qu'elle est pour bientôt.

Le dollar faible permet surtout de détourner l'attention des vrais problèmes de dévaluation des monnaies asiatiques. Le yuan chinois et le yen japonais en sont des exemples criants. La zone euro est prise entre deux feu : l'Asie et les USA et elle joue un rôle d'ajustement à son désavantage. Le jour où les pays européens seront capables de parler fermement et d'une seule voix, alors la porte du changement pourra commencer à s'ouvrir.


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