Eurostat, l'office statistique européen, a publié en fin de semaine dernière des chiffres intéressants concernant l'épargne des ménages de la zone euro. Les chiffres ont un peu de retard puisqu'ils concernent le troisième trimestre 2008, mais dans une vision en tendance moyen-long terme, cela ne pose aucun problème.
Il ressort de cette publication que les européens ont continué, accélérant la tendance observée le trimestre précédent, à augmenter les ressources qu'ils attribuent à leur épargne. C'est désormais 14,4% des revenus moyens des habitants de la zone euro qui sont mis de côté, un chiffre impressionnant !
Le graphique ci-dessous représente en noir l'évolution du taux d'épargne des ménages dans la zone euro. En filigrane, nous avons collé la courbe d'évolution du CAC 40 sur la même période.
On observe deux phénomènes intéressants : en période de crise les consommateurs ont un reflexe de prévoyance et épargnent de plus en plus. A l'inverse, une période économiquement favorable les verra arbitrer plus en faveur de la consommation que de l'épargne. Le cas est typique de 2003 à 2007 avec une montée continue des marchés boursiers et une solide croissance économique. De même lors de la bulle internet de janvier 1999 à la mi-2000, avec un taux d'épargne en chute libre.
Partant de là on peut se poser les questions de la responsabilité des consommateurs dans le mécanisme d'une crise et surtout si ce comportement moutonnier n'aggrave pas les phases de déprime économique. Dès les premiers frimas, ces derniers ralentissent fortement leur consommation et arbitrent vers l'épargne de précaution, "au cas ou". Ce n'est donc pas un problème de "pouvoir d'achat" qui freine la consommation puisque le surplus est épargné, c'est un problème de peur, on glissera le mot aux syndicats... Une peur qui ne fait qu'amplifier la crise, dans des proportions à priori importantes.
Depuis le pic boursier de l'été 2007, le taux d'épargne ne cesse de monter, confirmant cette logique. En deux trimestres c'est 1% du revenu global des européens qui n'a pas été affecté à la consommation, soit des milliards d'euros. Les chiffres du 4ème trimestre 2008 ne sont pas disponibles, mais il y a fort à parier que le mouvement s'est amplifié et que nous devons approcher les records de taux d'épargne en 10 ans, soit vers les 15%.
En outre, l'épargne de protection étant traditionnellement placée sur des supports sécuritaires (livret A, monétaire, etc.), elle est totalement improductive et ne rapporte quasiment rien vu la faiblesse des taux actuellement.
Il ne faut toutefois pas blâmer les consommateurs, les médias, avec leur catastrophisme permanent ont leur part de responsabilité dans ce comportement. Attisant les peurs et soufflant sur les braises, adeptes de l'image choc et du traumatisme.
Après tout me direz vous, que tirer de tout cela ? Deux remarques, la première c'est que la consommation redémarre avant la fin de la crise et en tout cas avant la fin de la phase baissière du marché. On pourra surveiller cet indicateur, mais au rythme actuel, cela voudrait dire que nous pouvons passer encore 2 à 3 trimestres sous l'eau en bourse... La seconde c'est qu'il faut consommer, consommer et encore consommer ! Profitez des soldes permanentes et des bonnes affaires de la crise. En plus, on dit que la consommation est une excellente thérapie psychologique quand on vous annonce la fin du monde ! Faites vous plaisir et faites un geste -éco(nomique)-citoyen !
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