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Le livret A sur tous les étals ?

Par Rodolphe Vialles

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Le livret A est le placement chéri des Français puisque l'on compte dans notre pays pas moins de 46 millions de livrets ouverts pour un encours de dépôts d'environ 116 milliards d'euros.

Pour la petite histoire, ce compte épargne est également l'un des plus anciens de notre pays puisqu'il a été créé par Louis XVIII afin de juguler la crise financière des guerres napoléoniennes. Le deuxième objectif officiel était de détourner les Français du jeu et de la boisson pour les faire épargner.

livret a

Avec un rendement annuel de 2,75 % (juin 2007) on se demande bien ce qui pousse tant d'épargnants à placer leurs économies sur ce célèbre livret. D'autant que l'inflation annuelle est de 1,6 % en France ce qui donne un rendement après inflation de seulement 1,15 % ! C'est maigre et avouez que ça finance à peine l'essence de la voiture pour se rendre au bureau de poste voisin et le temps perdu dans les interminables files d'attente.

Mais il y a un mot magique dans tout cela : " défiscalisation". En effet, le livret A est aujourd'hui un des rares produits d'épargne dont le produit n'est pas taxé. C'est sans doute ce qui génère un tel enthousiasme des Français pour ce placement. Rajoutons également qu'il est sans risque, mais à ce niveau de rendement, il ne faut quand même pas pousser.

Une petite curiosité complémentaire du livret A, et c'est ce qui amène aussi notre article du jour, c'est qu'il est distribué de façon monopolistique par les Caisses d'Epargne et la Poste (pardon, on dit la Banque Postale aujourd'hui...). Cette curiosité, on le comprend, n'est pas du goût des autres banques françaises qui aimeraient bien proposer ce placement à leur clientèle. Ces dernières, sous la houlette du Crédit Agricole, ont déposé un recours devant la justice européenne afin d'obtenir gain de cause.

La commission de Bruxelles n'a d'ailleurs pas tardé à réagir puisque la semaine dernière elle a imposé à la France l'extension de la distribution du livret A à toutes les banques, sans exclusivité.

D'une manière surprenante, l'État français s'est toujours opposé à cela, sans que l'on comprenne trop bien les raisons profondes de cet acharnement. Il est vrai que les ressources du livret A ont pour objet de financer le logement social et l'accessibilité bancaire. Néanmoins, Bruxelles ne demande pas une réforme sur le fond de l'objet du livret, mais uniquement sur une distribution élargie de ce dernier pour que tous les établissements bancaires soient sur un pied d'égalité en termes de concurrence.

Avec le nouveau gouvernement, on peut parier que le comportement sera différent. Ce dernier a réagit aussitôt et souhaite contester la décision de Bruxelles en justice. Néanmoins, dans le même temps, le gouvernement a chargé l'ancien patron du FMI, Michel Camdessus, d'une mission sur ce thème.

Ce dernier remettra son rapport à l'automne 2007, mais sans surprise nous devrions assister à une généralisation de la distribution. En effet, la position de Paris n'est pas tenable puisqu'elle va à l'encontre des règles communautaires.

Les défenseurs de la situation monopolistique du livret A craignent que l'objet profond des ressources de ce placement soit amputées. Ils pensent également que l’encours sur les livrets baissera ce qui affectera les sommes allouées au logement social. A priori, ces craintes sont infondées puisqu'une distribution beaucoup plus large du produit, ne pourra que favoriser son implantation. Ce sont surtout les Codevi et autres livrets bancaires qui en souffriront le plus. Cerise sur le gâteau, gageons qu'on ne fera plus la queue à la Poste...


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