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Madoff : quand la réalité dépasse la fiction

Par Rodolphe Vialles;

rodolphe vialles

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Alors que l'on croyait avoir tout vu avec l'affaire Kerviel en début d'année et les 5 milliards d'euros de pertes qu'il a causé à la Société Générale, tombe aujourd'hui le scandale des scandales. Les records sont certes fait pour être battus mais alors là, celui du pauvre Jérôme est proprement enterré. L'affaire qui fait grand bruit nous vient cette fois-ci d'outre atlantique. Dans leur concept de démesure, les américains ne pouvaient pas laisser un record aux "frenchies", il fallait du plus gros, du lourd, du sensationnel et surtout dépasser l'imaginable.

C'est donc en ces temps déjà délicats pour la finance internationale, décrédibilisée par les "subprimes", les prises de risques inconsidérées, les effets de leviers démoniaques et les pertes de trading abyssales, qu'éclate l'affaire "Madoff". Bernard Madoff, un autodidacte américain, lassé de son métier de maître nageur sur les plages de Long Island, décide en 1960 de lancer un fonds d'investissement. Je vous accorde que la transition professionnelle n'est pas des plus classiques mais cela ne l'a pas empêché de devenir une légende de Wall Street pendant près de 40 ans !

Madoff a rapidement connu le succès, se permettant même de refuser des clients et sélectionnant lui même les heureux bénéficiaires qui auraient le suprême privilège de pouvoir placer leur épargne dans son fonds. Le monsieur promettait (et versait) un rendement régulier et très attractif de plus de 10% par an. La méthode fonctionna un temps mais arriva ce qui devait arriver, les premières pertes. Au lieu de dévoiler une performance en baisse il a continué à verser le même rendement aux investisseurs en piochant dans les dépôts des nouveaux clients ! D'un fonds d'investissement il était passé à un système pyramidal totalement illégal, un bascul total dans l'arnaque. La folie d'un homme empêtré dans son égo. Jamais aucun client n'a posé des questions, cela aurait été inconvenant de douter du génie de la bourse avec la peur de ne plus être admis dans le cercle des privilégiés.

Au bout d'un moment et devant les retraits de plusieurs clients, le pot aux roses à été découvert car le sieur Madoff n'avait plus de quoi rembourser. Le voila à 70 ans mis en examen et avec un avenir bien sombre assorti de plusieurs dizaines d'années de prison à la clef...

Le plus extraordinaire c'est que pendant ces années tout le monde a été leurré, de prestigieuses banques (de nombreux grands groupes bancaires internationaux), des clients fortunés, des fonds de pension, etc, etc. L'homme était intouchable et a même dirigé un temps le Nasdaq, la bourse électronique américaine. Il y avait pourtant quelques courtiers qui doutaient de sa performance à Wall Street, ce qui les étonnait le plus était la régularité de la performance, 10 à 12% par an, sans une année noire... Ils ont alerté la SEC (le gendarme de la bourse US) mais cette dernière n'a rien trouvé à redire... Au bout du compte la note est en train de tomber et elle avoisinerait les 50 milliards de dollars ! 37,5 milliards d'euros, 8 fois la perte de Kerviel !

Les seuls à se réjouir dans cette affaire sont les studios d'Hollywood qui ont là matière à un film qu'ils n'auraient pas imaginé. La vie de Madoff portée à l'écran on l'imagine sans peine mais on n'aurait pas pu l'inventer !

On peut légitimement se poser de nombreuses questions sur ce scandale et en premier lieu, comment l'organisme de régulation américain a fait son travail ? Certains doivent déjà transpirer à l'idée de venir s'expliquer là dessus. A croire qu'il est plus facile de voler 50 milliards de dollars à Wall Street qu'une pomme à l'étalage dans la rue !

Cette nouvelle affaire n'est pas faite pour restaurer une confiance bien émoussée dans la finance au sens large. Après la restructuration bancaire il faudra bel et bien se pencher sur le monde des fonds d'investissement et notamment les fameux "hedge funds". Les américains ont toujours été hostiles à trop réglementer ce secteur jusqu'à présent mais ils pourraient changer d'avis après ce choc. La question est belle et bien posée, en quoi peut on avoir vraiment confiance aujourd'hui ? A cause de quelques moutons noirs il est malheureux de voir que la grande masse des honnêtes gérants souffrent d'une image négative, il faut punir sévèrement ce genre de dérapages et enfin mettre en place des organismes de régulation et de contrôle qui tiennent la route. Ces derniers doivent aussi rendre des comptes et être responsabilisés sur leurs actions.

Enfin, concernant les clients il faut arrêter d'êtres dupes et aveuglés par l'appât du gain. Des placements sans risques et avec un fort rendement n'existent pas, rappelons encore une fois ce principe essentiel de la finance : la rentabilité est corrélée au risque. C'est ici notre rôle d'apporter une information et une formation solide aux investisseurs. ABC Bourse a été conçu dans cette optique dès le départ il y a maintenant 10 ans, former et encore former pour ne plus croire aux chimères et agir par soi même.


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