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OPA sur l'épargne des français ?

Par Rodolphe Vialles;

rodolphe vialles

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Mise à jour du 1er juillet 2009 : le lendemain de la publication de cet article, le premier ministre, François Fillon a exclu de rendre le grand emprunt d'Etat obligatoire pour les ménages les plus aisés. Il coupe dont court aux idées de plusieurs parlementaires de la majorité qui avaient soulevé cette piste, objet de notre texte ci-dessous.

Obligatoire, le mot est lâché ! Si au début cela a fait sourire dans les forums boursiers sur Internet, nombreux y voyant une faute de frappe des journalistes (y compris votre humble serviteur) et comprenaient "obligataire", il se confirme que c'est bien l'idée de rendre "obligatoire" le grand emprunt d'état qui circule auprès de plusieurs élus de la majorité présidentielle.

En cherchant un peu dans les livres d'histoire on remarque que ce n'est pas une première. Le Figaro nous apprend par exemple que sous Mitterrand, en 1983, "les foyers payant plus de 5 000 francs d'impôt sur le revenu ou soumis à l'ISF avaient dû prêter à l'État l'équivalent de 10 % de leur impôt, avant d'être remboursés en 1986."

Première question que l'on peut se poser, pourquoi l'Etat voudrait rendre cet emprunt obligatoire ? La réponse semble toute trouvée c'est qu'il a tout simplement peur que les français ne répondent pas à ses sollicitations et décident de ne pas pas souscrire à cet emprunt. D'une part car le taux d'intérêt sera sans doute bien faible et d'autre part car leur confiance en l'Etat est sans doute bien émoussée. Un vrai test de confiance pour le président de la République, test de confiance qu'il semble vouloir ne pas rater. Il est en effet plus aisé de mettre un bulletin dans une urne que de faire un chèque en blanc à l'Etat. ...

Dans cette hypothèse, rendre l'emprunt obligatoire permettrait de lever les capitaux désirés sous la contrainte, une forme de racket moderne. En outre avec son caractère obligatoire, l'Etat fixerait lui même les conditions de son emprunt avec un taux d'intérêt bien en dessous des conditions de marchés. Car en effet, pourquoi ne pas s'adresser aux marchés financiers directement si le taux est le même...

Que se passera il alors ? Et bien tout simplement, les français réorienteront de manière forcée, une partie de leur épargne vers les caisses de l'Etat, moyennant un taux ridicule. La théorie des vases communicants n'arrangera pas les affaires de la bourse et au lieu d'aller financer l'économie privée, créatrice d'emplois et de richesses, l'argent des épargnants sera mis dans l'entreprise aux performances économiques les plus médiocres de France, l'Etat français : des déficits budgétaires récurrents depuis 30 ans, des sureffectifs, une dette colossale, une direction louvoyante... qui voudrait prêter à une telle entreprise ? c'est quasiment un "emprunt russe" version 2009...

Les premières rumeurs indiquent que ce caractère obligatoire ne concernerait que les catégories les plus aisées de français. Où sera mis le curseur ? impossible de répondre aujourd'hui. Néanmoins il y a fort à parier que ce seront les classes moyennes qui une fois encore vont passer sous le rouleau compresseur. Les plus riches, pour les rares qui sont encore fiscalisés en France, les épais chèques du bouclier fiscal pourrons ainsi être réinvestis...

Le président Sarkozy ne veut pas augmenter les impôts donc il remet à l'ordre du jour une idée de Mitterrand, idée choquante alors que de nombreux chantiers ne sont pas menés sur le terrain du désendettement et du dégraissage des dépenses de l'Etat. Encore une fois c'est la course en avant vers le toujours plus de dettes. Le carnet de chèque est ouvert, "après moi le déluge" semblent penser nos dirigeants politiques depuis 30 ans. Nos élus sont foisonnants d'idées lorsqu'il s'agit de dépenser toujours plus et de trouver l'argent en conséquence mais sur les réductions de coûts, on n'entend pas grand monde !

Mais quel pays laisseront nous à nos enfants ? A vos commentaires !


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