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Dans les mois qui viennent, les autorités boursières européennes nous
préparent une spoliation massive des actionnaires des petites entreprises.
N'ayons pas peur des mots, on peut véritablement parler de spoliation, tant les
choses sont à sens unique.
Au départ, Nyse-Euronext, bien décidé à augmenter son chiffre d'affaires en
période de crise, vient de décider d'appliquer sa grille tarifaire pour les
sociétés cotées sur le Marché Libre parisien. Ces sociétés ne payaient jusqu'à
présent aucune redevance au gestionnaire de marché (Euronext) pour voir leurs
titres cotés. Dès le 1er janvier 2010, chaque société cotée sur ce marché devra
s'acquitter d'un abonnement annuel de 2500 euros.
Jusqu'à présent, pas de scandales, ont conçoit aisément que la cotation entraîne
des frais et que ces derniers soient pris en compte par ces petites sociétés. Là
où le bat blesse c'est que ces sociétés ne sont pas obligées de payer
l'abonnement, Nyse-Euronext leur laisse la possibilité de se "délister", c'est à
dire de ne plus êtres cotées.
Dans ce cas précis, la douche risque d'être froide pour les actionnaires
minoritaires. En effet, Nyse-Euronext propose aux sociétés qui ne voudront plus
êtres présentes sur le marché de se faire radier de la cote et les modalités
font peur. Une société du marché libre pourra demander sa radiation du marché
sans lancer d'offre de rachat des actions des minoritaires. Déjà que la
liquidité n'est pas le point fort du marché libre, si la cotation n'est plus
assurée on peut s'endormir sur ses titres... on se retrouvera avec des titres
non cotés dans le portefeuille et il sera bien difficile de s'en séparer à bon
prix.
Si de nombreuses sociétés sont furieuses de cette décision d'Euronext qui les
oblige à payer un abonnement, d'autres ne manqueront certainement pas de
profiter de cette aubaine pour sortir du marché sans rien avoir à offrir à leurs
actionnaires.
Il y a de nombreuses sociétés léthargiques sur le Marché Libre, dont certaines
ne dépassent pas les centaines d'euros de transactions par an, la décision de
les pousser vers la sortie peut donc paraître logique car leur présence sur le
marché est discutable. Ce qui l'est moins c'est de considérer l'actionnaire
minoritaire comme le parent pauvre dans cette opération et de le passer par
pertes et profits. On risque de voir des engorgements dans les carnets d'ordres
pour sortir à tout prix avant la date fatidique (fixée au 1er juillet 2010),
mais avec une cotation au fixing il sera délicat de sortir dans des bonnes
conditions si l'équilibre achat-vente est rompu.
Nyse-Euronext a pris sa décision dans son coin, sans concertation, ni avec les
sociétés cotées ni avec les actionnaires et tout le monde se sent floué par
cette disposition. Pour les actionnaires de sociétés du Marché Libre, il
convient maintenant de se tenir au courant de leur intention de rester ou de
quitter le marché.