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Une nouvelle taxe sur la bourse ?

Par Rodolphe Vialles;

rodolphe vialles

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Comme près de 20 millions de Français j’ai suivi hier soir le face-à-face télévisé entre les deux candidats à l'élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Nous ne nous attarderons pas ici sur les aspects politiques du débat puisque ce n'est pas notre mission mais plutôt sur un point particulier qui a été soulevé par la candidate socialiste.

Sur l'épineux problème du financement des retraites, cette dernière nous a sorti du chapeau une idée pour le moins étonnante, celle de créer une nouvelle taxe sur les profits boursiers. Mme Royal a été particulièrement floue sur ce concept, puisqu'à l'issue de l'émission nous ne connaissons ni son montant ni son assiette. Sur quoi portera cette nouvelle taxe ? Qui la paiera ? À combien s'élèvera-t-elle ? Combien rapportera-t-elle l'État ? Autant de questions qui restent en suspens et qui ne trouvent pas de réponses, d'une part la candidate n'a pas souhaité donner de précisions, d'autre part ce nouvel impôt n'avait jamais été évoqué dans le programme socialiste auparavant.


Qu'entend-on par profits boursiers ? Telle est la première question que nous pouvons nous poser pour essayer de mieux cerner sa pensée. Nous pouvons a priori l'envisager sous deux angles. Peut-être cherche-t-elle à taxer les entreprises qui délocalisent ou licencient pour des raisons « boursières » comme le suggère bien souvent une doctrine erronée de la gauche française. Ou bien, s'agit-il là d'assommer un peu plus fiscalement les 6 millions d'actionnaires individuels français ? Nous n'en saurons pas plus à ce stade, et peut-être que les réponses ne nous parviendront jamais.

Une chose est certaine, je pense qu'il y a beaucoup de pédagogie à faire pour réconcilier la gauche avec la bourse. Cette dernière doit comprendre une fois pour toutes que la bourse n'est pas un casino géant pour les couches les plus aisées de la population mais le moteur et le poumon de notre économie. On ne peut pas dans la même phrase, clouer au pilori les actionnaires français et se plaindre de la montée des fonds de pension étrangers dans le capital de nos sociétés hexagonales.

En décourageant encore un peu plus les Français d'investir dans le capital de leurs sociétés, alors que c'est pour elles un fabuleux gisement de financement de leur développement, nous ne pourrons qu'accélérer les délocalisations, les OPA sur des sociétés fragilisées et à l'actionnariat disparate et au final détruire de l'emploi et des richesses.

Les actionnaires français supportent déjà des conditions fiscales relativement douloureuses eu égard aux risques que prennent ces épargnants en plaçant leurs économies en bourse. Comme je le rappelais dans une précédente chronique, nous parlons ici de plus de 6 millions de personnes c'est-à-dire un phénomène de masse et non pas quelques privilégiés argentés.

À quelques heures du deuxième tour du scrutin présidentiel nous étions en droit d'attendre des mesures claires et précises, sur le plan de cette nouvelle et soudaine fiscalité boursière, le moins que l'on puisse dire c'est que le flou est total. Peut-être que la parole sera là aussi donnée aux partenaires sociaux (sic) pour trancher la décision ?


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